Thirteen Tales of Love and Revenge est une collection relatant treize courtes histoires
Dance With the Devil
Basée sur la chanson de Breaking Benjamin du même nom
« Pour 'M', qui a su me redonner vie »
Par Swallowing Darkness
2: IntroductionDes yeux bleus intenses qui me fixaient. C’est tout ce que je voyais. Pendant un instant j’oublie que nous en sommes tous les deux à notre perte. Il y a un moment que j’ai cessé d’avoir peur. Parce que j’ai compris que je ne pouvais échapper à la mort. Oui, nous allons mourir ici tout les deux, main dans la main, les yeux dans les yeux.
3: 70 JOURS AVANT – LOOKING FOR AN ESCAPEMa vie était des plus banales. Je vis depuis toujours dans cette minuscule ville sans intérêt. Le paysage, les visages, les mêmes journées qui revenaient encore et encore. Mon existence était si… Normale. Je rêvais tant de changement, de quelque chose de différent. Mais voilà 18 ans que je coule des jours paisibles et quasi identiques, et tout ce que je veux, tout ce dont j’ai besoin, c’est quelque chose qui viendrait donner un goût à ma vie.
Peut-être que ce quelque chose, c’est l’université ? J’ai été acceptée dans un établissement assez loin d’ici, et je vais m’y installer une semaine avant la rentrée cet automne afin de préparer ma chambre et connaître mieux les lieux. Pour sûr, ma vie va changer à partir de là. Mais je sens que la routine reviendra encore.
Je n’ai pas le choix. Je souhaite avant tout quitter cette ville. Puis je me débrouillerai pour faire de ma nouvelle vie ce dont j’ai envie.En attendant, je travaille pour économiser un peu d’argent. Enfin, par « travailler », je veux juste parler d’un petit job d’été tout simple.
Je soupire et m’allonge sur mon lit. Je fixe le plafond en me confectionnant une vie bizarre, étrange, hors du commun dans ma tête, en espérant que cela déteindra un peu sur la réalité.
4: 66 JOURS AVANT – BLUE EYESAujourd’hui, je suis de mauvaise humeur. Je le suis souvent, c’est vrai. Mais du moment que je n’embête personne, tout le monde s’en fiche. Alors je décide de sortir faire un tour, chose que je fais rarement – j’aime trop le silence et le confort de ma chambre. Je sais, ça va à l’encontre du fait que j’en aie marre de la routine. Mais le monde extérieur est loin d’être intéressant. Du moins, dans cette ville minuscule et morte.
Je ferme la porte derrière moi. Je n’entends personne m’appeler où me demander où je vais, alors je m’éloigne sans plus tarder. Même rue, mêmes routes, mêmes maisons, mêmes visages… Non. Je m’arrête.
Là, il se passe quelque chose. Quelque chose de vraiment spécial. Je l’ai vu, mais lui ne m’a pas aperçue. Je le fixe un moment, comme en transe… Et il lève les yeux vers moi. Normalement, je devrais détourner le regard et poursuivre mon chemin. Mais… Ce n’est pas normal. Il n’est pas normal. Finalement, il s’en va aussi brusquement qu’il est apparu devant mes yeux… Et la seule image que je garde alors est ses yeux bleus clairs et brillants.
5: 59 JOURS AVANT – HEY MIND, ARE YOU THERE?Cela fait une semaine que je pense à lui. C’est stupide, absurde. Je ne l’ai vu que quelques secondes. Et pourtant son image me revient sans cesse.
Je me demande si c’est cela que les gens appellent le « coup de foudre ». Je n’ai jamais été amoureuse, et je n’ai jamais eu de copain – vous comprenez, je ne suis guère le genre de fille que les garçons s’arrachent. Je n’ai donc aucune idée de ce qu’était cette sensation que j’ai eu tout à coup et qui a provoqué en moi un je ne sais quoi de nouveau. Je l’ai revu quelques fois ces derniers jours dehors, en allant au travail, en me promenant… Bon, ok, je l’avoue, je suis retournée une ou deux fois au même endroit où je l’ai croisé la toute première fois. Mais il n’y était pas. De toute façon qu’il y soit ou pas ne change rien car à chaque fois il me regardait l’espace d’une micro seconde puis détournait les yeux comme si je n’existais pas.
Arrête ça, m’ordonnai-je pendant des heures. Tu ne l’intéresse pas, et tu ne l’intéresseras jamais. Regarde-toi… Tu crois vraiment qu’il voudrait de toi ?
Je suis bien d’accord avec moi-même. En effet, je ne suis qu’une pauvre petite chose insignifiante.
C’est décidé, je ne pense plus à lui. De toute manière, il ne m’aimera jamais.
Je décide aujourd’hui d’aller à la bibliothèque. S’il y a quelque chose que j’aime dans cette ville, c’est bien cet endroit. Les livres sont l’un de mes seuls réconforts, l’une de mes seules échappatoires. Vous voulez fuir la réalité ?Prenez un bon gros livre et plongez-vous dedans. Le voyage sera des plus palpitants.
J’arrive sur les lieux, la tête ailleurs. Je rejette une énième fois l’image de ce garçon qui m’obsède tant. Je m’avance vers la table que je prends d’habitude – une table d’un coin qui semble isolée et loin de tout. Je m’apprête à m’assoir, et, qui vois-je ?
Ironie du sort, Mr. Blue Eyes – c’est le surnom que je lui ai donné – est assis là, devant moi. Non mais des fois je crois vraiment que la vie se fiche de moi.
Alors que mon conscient ne répond pas et me plante devant la question « que dois-je faire, que dois-je faire ? », mon subconscient décide d’agir à ma place, et je fais comme si je ne l’avais pas vu et essaie de m’éclipser au milieu des étagères. Sauf que, étonnamment, il me retient.
- Tu peux t’assoir, si tu veux, dit-il d’une voix calme.
J’hésite un instant mais je finis par revenir sur mes pas.
- Ok…
- Je m’appelle Damon.
- Euh, moi, c’est Aria.
- Aria… répète-t-il doucement, de la curiosité dans le regard.
Je ne peux m’empêcher de sourire.
La petite voix dans ma tête revient à la charge et me conseille l’indifférence. Seulement, je ne puis lui être indifférente.
Je prends néanmoins mon livre et l’ouvre à la page où je me suis arrêtée, et il se replonge dans le sien.
J’avance plus lentement dans ma lecture que d’habitude, faute de concentration. Il m’est presque impossible de garder l’esprit centré sur ce que je lis avec Mr. Blue Eyes – Damon, je veux dire – juste en face de moi. Si bien que je relis plusieurs fois le même paragraphe sans en comprendre le contenu.
Je soupire à un moment et envisage de partir. Je relève discrètement la tête et je le surprends en train de me regarder. En train de me regarder, moi ! La fille que personne ne voit, moi ! Bon ok, je me calme. Je disais donc qu’il était en train de me regarder et quand je croise son regard, il sourit et détourne les yeux. Je me sens sourire à mon tour, et il relève les yeux vers moi. Je me souviens de ce regard d’un bleu clair intense, glacial et fascinant à la fois qu’il avait la première fois. Cette fois-ci, son regard n’est pas glacial, mais expriment quelque chose de curieux. Oui, c’est un individu curieux, sombre et étrange. Et j’aime ça.
Il ferme son livre et me prend le mien.
- Dix Petits Nègres, d’Agatha Christie. Très bon choix.
- Tu l’as lu ?
- Deux fois.
- Deux fois ? Pourtant, le livre à suspense perd de son charme quand on en connait le dénouement.
- Exact. Cependant, pendant la lecture, on ne sait pas trop ce qui se passe. Surtout quand il s’agit d’Agatha Christie. On est perdu entre ce qui est vrai et ce qui est faux, les indices qui nous aident vraiment et les autres qui au contraire nous embrouillent. Et à la fin on découvre avec stupéfaction à quel point notre raisonnement a été faux sur toute la ligne.
Il s’arrête un moment avant de reprendre :
- Moi, je choisis de tout relire même en connaissant le coupable. Ce que je trouve intéressant, c’est de découvrir de quelle façon j’ai été berné, ainsi que toutes les indications qui passent inaperçues et qui sont pourtant les plus importantes.
- Je ne connais personne qui aurait pensé de cette manière.
- Je ne fais rien qui puisse ressembler aux autres.
Il me détaille.
- Tu n’as pas l’air d’avoir beaucoup d’amis.
- Très juste.
- Pourtant, tu ne devrais pas passer inaperçue… Tu es jolie, tu sembles intelligente et gentille… J’ai appris à ne point me fier aux apparences, mais je pense que tu fais partie de ces détails subtils et discrets qui ont la plus grande importance et qui méritent d’être remarqués.
Je ne sais pas quelle est cette chaleur qui monte actuellement en moi, mais je sens que je suis sur le point de fondre quand, en plus, il sourit.
Il se redresse et je reviens sur terre.
- Eh, au fait, lance-t-il, l’assassin est…
- Non ! m’exclamai-je et lui plaquant ma main sur la bouche.
Je me maudis intérieurement d’avoir fait ça et je retire ma main. Seulement, il n’a pas l’air agacé. Il rit, même.
- J’espère te retrouver ici même la prochaine fois, déclare-t-il.
Et il s’en va, me laissant dans un état que je n’avais jamais connu auparavant.
6: 44 JOURS AVANT – ONE STEP CLOSERJe n’avais jamais eu un aussi bon ami. Damon est quelqu’un de génial, contrairement à la plupart des personnes que j’avais croisées dans ma vie.
On se revoit souvent à la bibliothèque, ou on s’installe par terre dans l’une des allées d’étagères. Damon et moi faisons des commentaires sur tout et n’importe quoi. Par exemple, nous donnons des surnoms aux personnes qui nous entourent. Le meilleur qu’on ait attribué jusqu’ici est Chupa Chups. Moi j’ai hérité du surnom Estomac-sur-pattes – Damon me l’a choisit en constatant l’amour que je porte à la nourriture. Lui reçoit de ma part le titre de Mr. Hyde. Quand il me demande pourquoi, je lui donne une explication qui aurait sonné beaucoup mieux s’il l’avait dite, lui : « Parce que nous avons tous un côté sombre ». Il éclate de rire.
- Aria, tu apprends vite, mais ce n’est pas comme ça qu’il faut le dire.
Ah, j’oublie de préciser qu’il m’apprend « les allures de la noirceur », comme il dit.
Il se racle la gorge.
- Parce que nous avons tous un côté sombre, répète-t-il.
Il l’a dit d’une voix tellement… Tellement… Envoûtante. Je sens encore cette chaleur me monter jusqu’aux joues. J’essaie de le cacher en me raclant la gorge à mon tour.
- Parce que nous avons tous un côté sombre, tentai-je de l’imiter.
Son rire me parvient aux oreilles. Je croise les bras et marmonne :
- Oui, vas-y, moque-toi de moi.
- Mais non, je ne me moque pas de toi.
Il réussit à retenir son rire, mais pas plus de deux secondes.
- Bon ok, je ne peux pas m’empêcher de me moquer de toi…
Je m’apprête à lui donner une tape sur le bras mais il rattrape ma main.
- … Parce que tu es trop mignonne quand tu essaies de montrer « ton côté obscur ».
Avant que je puisse répliquer, la bibliothécaire apparaît et nous ordonne de nous taire. Nous restons ainsi sans bouger, et dès que la femme disparait, nous pouffons de rire.
7: 40 JOURS AVANT – WHAT IS LOVE? THAT IS THE QUESTIONQuelle est la définition de l’amour? J’ai posé la question à Wikipédia – Ô grand manitou du savoir – et en voici la réponse : « L'amour désigne un sentiment d'affection et d'attachement envers un être, un animal ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, spirituelle ou même imaginaire avec l'objet de cet amour et à adopter un comportement particulier »
Le problème est que je ne sais pas comment je peux traduire ma situation. J’ignore si c’est de l’amour que je ressens pour Damon, ou juste de l’admiration et de l’amitié, ou si ce n’est qu’un « amour passager ».
Je ne me souviens plus de quoi nous parlions, mais une fois Damon a déclaré :
- Des fois, rien n’est vrai, et rien n’est faux. Tout n’est que mensonge. Tout n’est qu’illusion, souvent portée d’un espoir vain du cœur.
Il pencha la tête sur le côté en me dévisageant.
- L’illusion se crée et cache la vérité.
Est-ce que ce que je crois être de l’amour n’est en fait rien d’autre qu’une illusion ?
En tout cas, si l’on en croit Wikipédia, c’est bien de l’amour : car de un, j’ai un grand sentiment d’affection et d’attachement envers lui ; de deux, je recherche bien de temps en temps une proximité physique ; et de trois, il y a même une proximité imaginaire, car je dois bien avouer que je me fais plusieurs scénarios dont Damon est la vedette.
Ce dont j’ai peur, c’est confondre une forte amitié avec de l’amour.
Mais, alors qu’il marche nonchalamment en ce moment vers moi, je le sais… c’est bien de l’amour.
8: 32 JOURS AVANT – SOME WERE BORN TO LIVE IN THE DARKNESSAujourd’hui, Damon m’annonce qu’il va me raconter une histoire. Son histoire. C’est là que je me rends compte que je ne sais rien de son passé.
- Je m’appelle Damon Roday, et j’ai 19 ans– ça tu le sais, mais je trouve que c’est un assez bon début pour le côté dramatique. Je suis le plus jeune membre d’une petite famille. Le plus jeune, et le plus insignifiant… Car vois-tu, j’ai toujours été considéré comme un moins que rien.
- Est-ce que tu as… été maltraité ?
- Oh, non. Rien de tel. Seulement, mon frère, mon aîné de trois ans, a toujours été le privilégié, le favori. Moi, je ne suis qu’une ombre à côté de lui, tu vois ce que je veux dire ? Tout ce que je fais ne représente rien à côté de sa succession de réussites. Ce n’est pas vraiment de la maltraitance, puisque je n’ai jamais manqué de quoi que ce soit. C’est plus… une certaine forme d’abandon. Mais certains sont nés pour vivre dans le noir, n’est-ce pas ? J’ai été désigné et j’ai fini par l’accepter.
Il eut le regard dans le vide un instant.
- Je me rappelle un jour, j’ai dis à un ami que mon frère était un tueur. Cet ami est allé le répéter à la jeune fille qui nous gardait ce jour-là mon frère et moi. Elle est venue me voir et à dit gentiment : « Hey, ce n’est pas gentil de dire à ton ami que ton frère aîné est un tueur » Tu sais ce que j’ai répondu ? « Mais il est un tueur. Il me tue tous les jours ».
Je l’écoute sans l’interrompre. Pour la première fois, je vois de la tristesse dans son regard.
- Mon frère a toujours eu ce qu’il voulait. Et son principal plaisir est de m’enlever les seules choses que je réussis à acquérir.Mais tu sais ce que j’ai réussi à avoir et qu’il ne pourra jamais me prendre ?
- … Quoi donc ?
L’ombre d’un sourire joue sur ses lèvres.
- Toi.
9: 27 JOURS AVANT –FEAR IS ONLY IN OUR MINDS- La mort est une belle chose, tu ne trouves pas?
Je me tourne lentement vers Damon qui est adossé au mur, regardant tranquillement par la fenêtre.
- Une belle chose ? C’est plus une souffrance.
- Une souffrance pour les vivants ou pour les morts ?
Il se tourne vers moi et attend la réponse.
- Pour les deux…
- En termes de souffrance, je pense qu’elle est plus forte pour les vivants. Être coupé de façon soudain d’un être qu’on aime et devoir continuer à vivre ainsi, c’est affreux. Mais pour ceux qui quittent ce monde ?
- C’est une souffrance pour eux aussi. Au moment de leur mort, je veux dire.
- Peut-être. Mais après, cette souffrance se change en une sorte de… liberté.
Il regarde de nouveau distraitement par la fenêtre.
- Oui, je crois que mourir peut être une forme de libération quand on voit dans quel genre de monde nous vivons.
Une sensation bizarre s’empare de moi. Je m’apprête à lui poser une question, mais je me ravise au dernier moment en me disant que cela pourrait être une mauvaise idée. Je m’assois devant lui et regarde par la fenêtre à mon tour.
- Damon ? Est-ce que tout va bien ?
- Oui. Pourquoi ça n’irait pas ?
- Je ne sais pas…
Il me jette un coup d’œil interrogateur. Je garde une expression neutre.
- Parler de la mort comme je le fais ne fait pas de moi un malade mental, dit-il vaguement.
Je devine qu’il essaye de cibler mes pensées. Je réponds simplement :
- Ce n’est pas ce que je disais.
- Mais tu l’as pensé.
- Pas du tout.
Il m’interroge du regard, et je ne peux m’empêcher de trouver cela amusant.
- A quoi penses-tu, dans ce cas ?
Je retrouve mon sérieux.
- Rassure-moi… dis-je tout à coup. Tu ne comptes pas te… te suicider ?
Il a l’air intrigué.
- Qu’est-ce qui t’a mis cette idée dans la tête ?
- Tu parles souvent de mort. De mort, de l’au-delà, de noirceur, de mélancolie, de désespoir…
- Oui, acquiesce-t-il lentement. Et aussi d’amour, d’amitié…
- Autrement dit, tu abordes seulement les multiples sujets de la vie, rien de plus ?
- Exactement. Je me pose aussi des questions existentielles, du genre : « Est-ce que les pingouins ont des genoux ? »
Je ris.
- C’est une très bonne question, je l’avoue.
Alors, je peux définitivement supprimer l’hypothèse du suicide. J’en suis ravie.
- C’est drôle que tu aies pensé à ça, déclare-t-il.
- C’est qu’à un moment, j’ai eu peur pour toi. J’ai cru que quelque chose n’allait pas, et que… Enfin, tu vois.
Il eut l’air sur le point de me prendre la main mais se ravisa. Dommage.
- La peur est seulement dans notre tête, Aria. Elle n’est autre qu’une émotion comme les autres, qu’on peut choisir de refouler ou non.
- Refouler ses émotions… Mhmm. Il faudra m’apprendre ça, un jour.
- Non.
- Pourquoi ?
- Ca craint de ne rien ressentir. Et je veux que tu restes comme tu es.
Je réalise que c’est la première fois que quelqu’un essaie de préserver ma façon d’être au lieu d’essayer de la changer.
10: 20 JOURS AVANT – THE EVIL STARTS COMING OVER TONIGHTJe commence à ranger quelques affaires dans ma valise. Mon départ pour l’université est assez proche. Mais décidant finalement que je le ferai demain, je remets la valise dans mon placard.
Quelqu’un toque à la porte et ouvre prudemment la porte. Je me retourne.
Je vois Damon entrer de son pas léger, les mains derrière le dos. Il est beau comme à son habitude.
- Oh. Salut, fis-je.
Il s’arrête en face de moi et me fixe sans rien dire. Puis, les coins de sa bouche se relevant légèrement en un petit sourire, il ramena ses mains devant lui et me tendit quelque chose.
Une rose.
Pas une rose rouge, ou encore blanche, comme on pourrait s’y attendre. Non… Cette rose, elle était noire.
- Je sais que tu n’aime pas la normale. Alors, je l’ai peinte en noir pour toi.
Je fixe la fleur dans ma main un instant sans bouger. Les pétales sombres avaient quelque chose de magnifique en elles. Cette rose est si étrange – non juste en raison de sa couleur. Elle semblait presque porter en elle… Le mal.
Je souris.
Je relève les yeux vers lui et m’avance pour l’étreindre. Nous restons ainsi quelques minutes en silence. Puis, sans que je comprenne ce qui se passe, il s’éloigne un peu et se penche lentement vers moi, jusqu’à ce que ses lèvres touchent les miennes et que j’oublie tout le reste.
11: 11 JOURS AVANT – YOU BELONG TO MECela fait plus d’une semaine que je me suis mise avec Damon. Il est donc mon premier petit-ami, et j’avoue que j’appréhendais un peu la chose : je n’avais aucune expérience en la matière, et j’ignorais comment sont censées se passer ce genre de relations. Mais Damon fait tout pour me mettre à l’aise, et je lui en suis reconnaissante.
Ce soir, il a proposé d’aller faire un tour dans les alentours, ce que j’ai accepté. Nous voilà donc arrivés après environ dix minutes de marche silencieuse à une plaine, où j’avais l’habitude de faire un tour avec mon frère il y a quelques années de cela.
Le soleil fait vite de se coucher et la nuit tombe instantanément. Une légère brise se lève, tandis que les étoiles nous éclairent et nous guident dans le noir.
Nous gardons le silence tout en se jetant de rapides coups d’œil. A un moment, Damons’accroupit, cueille une minuscule fleur blanche, pose un genou à terre puis prend ma main.
- Aria, veux-tu passer l’éternité avec moi ?
C’est drôle, mais sa façon de formuler cette question me fait frissonner. Je n’ai jamais osé me l’avouer jusqu’à présent, mais Damon me fait peur par moments. Ses propos étranges, son allure sombre, son regard glacial... Il a un je ne sais quoi en lui qui fait me fascine, m’intrigue et me fait peur à la fois.
Toutefois, un seul mot sort de ma bouche sans que je ne puisse rien y faire.
- O-oui, soufflai-je.
Il me regarde sans réagir. Je finis par froncer les sourcils.
- J’aurais aimé réellement me marier avec toi un jour.
Mon estomac se noue. Avant même qu’une pensée cohérente n’arrive à se former dans mon esprit, il se relève, se penche vers moi et dis tout bas :
- Maintenant, tu m’appartiens.
Il sourit légèrement.
- Tu m’appartiens, Aria Lawson, continua-t-il. Tu es à moi, et moi à toi. Nous resterons ensemble à jamais… Même dans la mort.
Mon cœur se mit à battre vite. Je ne pouvais pas ignorer cette note dangereuse qui vibrait dans sa voix et dans ses propos.
Il m’attire vers lui et regarde le ciel aux milliers d’étoiles scintillantes. Au bout d’un moment, il me murmure à l’oreille :
- N’as-tu jamais dansé avec le diable au clair de lune, Aria ?
12: 6 JOURS AVANT – WALKING THROUGH THE SHADOWSQuand je me réveille je me retrouve dans le noir. Je n’y vois rien, et je me demande ce que je fais là. D’ailleurs, où suis-je ? Quand enfin mes yeux s’habituent à l’obscurité, j’aperçois dans la pénombre quelqu’un. Oui, il y a bien quelqu’un allongé là, juste devant moi. Je prends peur.
- Chut… fit la personne.
- J-j-je…
- Chut, répéta-t-elle. Aria, tout va bien, murmura sa voix qui me fit reconnaître Damon.
- Damon ?
Je m’assois et il fait de même, se tenant face à moi.
- Damon, où sommes-nous ?
- Nous sommes chez-moi.
Je tente de trouver ses yeux mais j’arrive à peine distinguer les contours de son corps et de son visage dans la pénombre. Il m’attrape la main et je tressaille à son contact.
- Que… qu’est-ce nous faisons là ? Et pourquoi je ne me souviens pas être venue ici avec toi ?
- C’est ici que se déroulera notre dernier chapitre. Notre dernière danse, Aria, c’est ici qu’elle se passera et c’est ici qu’elle prendra fin.
Ma respiration accélère et devient saccadée. Un sanglot me monte à la gorge mais je parviens à l’étouffer. Damon me prend à présent les deux mains, et ses yeux semblent briller dans l’obscurité. J’arrive maintenant à percevoir la lueur dans ses yeux grâce à la faible lumière de la lune qui filtre à travers les volets fermés. Cette éternelle et étrange lueur qu’il a dans son regard, qui a le don de fasciner et d’apeurer à la fois.
Je tente tant bien que mal de retrouver mon calme.
- Que veux-tu dire ?
Je vois sa tête se pencher sur le côté.
- Personne ne comprend jamais ce que je dis. Pourquoi, penses-tu ? Je suis si fatigué de dire des mots que personne ne comprend.
Après un silence, il ajouta :
- Non, c’est clair, personne ne comprend. Je pensais que tu le pouvais, toi. Pourquoi, Aria ? Pourquoi ne comprends-tu pas ?
Une tristesse soudaine vibre dans sa voix. Je commence à m’inquiéter pour lui.
- Quoi donc ? Comprendre quoi ?
Il ne répond pas. Au lieu de quoi il me lâche les mains et se lève brusquement avant de quitter la pièce. Je remarque quand il ouvre la porte que le couloir est aussi plongé dans le noir. Je me lève aussitôt pour le rattraper mais alors que je pose une main sur la poignée, j’entends le bruit d’une clé tourner dans la serrure.
Il m’a enfermée. Je suis enfermée dans cette pièce.
La peur me tord l’estomac, et me serre la gorge. Que va-t-il me faire ? Que va-t-il m’arriver ?
« C’est ici que se déroulera notre dernier chapitre »
Ses mots reviennent encore et encore…
« Notre dernière danse, Aria, c’est ici qu’elle se passera et c’est ici qu’elle prendra fin »
… Sans que je comprenne leur signification.
13: 5 JOURS AVANT – EVEN IN DEATH OUR LOVE GOES ONQuand Damon m’a laissée hier, la lumière blanche et faible de la lune me parvenait de part les volets fermés. A partir du moment où il est sorti de la pièce me laissant seule avec des milliers de pensées et de questions dans ma tête, le temps parut s’arrêter. J’avais tellement peur. Il est revenu plus tard pour me ramener à manger. Il ne prononça aucun mot. Il se contenta de déposer le plateau devant moi et s’en alla avant même que je puisse lui parler. Une partie de la nuit s’est écoulée lentement sans que je n’aie eu de nouvelle de lui. L’obscurité se fit dense au fil de la nuit. Je frappai à la porte et l’appelait. Toujours rien. Je m’endormis alors.
Un bruit me réveille.
- Bonjour, dit Damon en s’asseyant à côté de moi.
Je m’assois et il me prend dans ses bras. Je ne saurais expliquer ce brusque changement de comportement.
- Viens avec moi, dit-il.
Il me prend la main et je le suis à travers la pièce puis dans le couloir. C’est le matin, ça, je le sais. Par contre je ne comprends toujours pas pourquoi il n’allume pas la lumière ou n’ouvre pas les fenêtres.
Je lui pose la question. Cependant il continue à marcher sans répondre, et nous arrivons à une petite pièce qui m’a l’air d’être la cuisine. Il me fait assoir et là, il déclare :
- J’ai toujours vécu dans le noir. L’obscurité est ma maison, mon refuge. Et à présent, je vis dans les ombres de sorte que je puisse trouver mon chemin dans la lumière.
- La lumière…
- Oui. Mais la lumière ne semble pas vouloir de moi. Alors j’ai décidé d’abandonner et de vivre dans les ténèbres à tout jamais.
Cette réponse me fit frissonner. Je sens qu’il y a là un sous-entendu, mais lequel ?
- Pourquoi dis-tu que la lumière ne veut pas de toi ? demandai-je, espérant avoir une explication claire.
- Elle m’a rejetée toute ma vie.
Je repense à ce qu’il m’a raconté l’autre fois à propos de son frère et de sa famille.
- Bon, tu veux manger quoi ? dit-il brusquement, souhaitant certainement changer de sujet.
Mais je ne le laisse pas faire. Je lui attrape la main et le fait se rassoir.
- Nous pourrions être heureux, Damon. Il suffit d’y croire, et…
- D’y croire ? S’il y a bien quelque chose que j’ai appris c’est que l’espoir n’apporte qu’une éternelle misère.
Je garde le silence quelques secondes.
- Mais… Mais tu peux choisir de croire à notre amour… Nous pourrions tous les deux choisir d’oublier notre passé, et nous construire une autre vie. Une vie qui nous conviendrait. Tous les deux.
Je l’entends soupirer et je comprends que je ne l’ai nullement convaincu. J’appuie ma tête sur son épaule.
- S’il te plait, Damon… Je t’aime, et tu m’aimes, n’est-ce pas ?
- Oui, souffle-t-il. Il est clair que je t’aime, Aria. Mais j’ai perdu tout ce que j’ai aimé auparavant. Cette fois, je veux être sûr que… Que tu ne partiras pas. C’est pourquoi je veux que tu reste avec moi pour toujours…
- Je le ferai.
J’ignore la raison pour laquelle j’ai dit ça. C’est peut-être que je le veux, après tout… Mais il y a toujours cette petite voix qui me répète de partir au plus vite.
Il m’embrasse.
Même dans la mort, notre amour existera, murmure-t-il sur mes lèvres.
Je décide d’ignorer cette petite voix qui me hurle de m’enfuir. Comme Damon le dit, je lui appartiens…
14: 3 JOURS AVANT – WISH I COULD DISAPPEARDamon m’explique qu’il m’a enfermée le premier jour parce qu’il était persuadé que s’il m’avait laissé la liberté de me déplacer, j’essaierais de m’enfuir. J’ignore si j’aurais pris cette initiative, mais je n’avais à ce moment-là aucune raison de m’en aller.
Il m’explique aussi qu’il m’avait ramenée ici à mon insu. D’après lui, j’aurais refusé de le suivre chez-lui, décrétant qu’il se faisait tard et que je devais rentrer. Alors il m’a ramené de force… Je lui demande pourquoi on n’aurait pas pu revenir un autre jour, pourquoi il avait fallu m’obliger à venir ici précisément ce soir là. Il dit d’une voix très calme qu’il l’avait décidé ainsi et que cela devait avoir lieu ce soir là et pas un autre. Il me raconte qu’il avait eu à me coller un mouchoir imbibé de chloroforme qu’il avait préparé au cas où je refusais de le suivre pour que je m’évanouisse et qu’il me ramène jusqu’ici.
A présent, j’essaie de me tenir loin de lui. Tout cela me fait extrêmement peur. Lui par contre me raconte en détails ses faits avec une totale indifférence, comme si cela est normal. Comme si c’était normal d’enlever une personne et la retenir dans une maison contre son gré.
Je me demande ce qu’il a exactement en tête. Car Damon n’est pas méchant, bien au contraire : il s’occupe très bien de moi. Sauf que je ne peux pas refouler cette peur de ne pas connaître ses intentions.
Il me laisse maintenant me déplacer dans la petite maison à ma guise. Cependant, il tâche de toujours garder un œil sur moi, comme si je pouvais disparaitre à tout moment.
Oh, comme je le souhaite…
15: 2 JOURS AVANT – A PARTICULAR TASTEJe me sens complètement coupée du monde. Je ne sais pas précisément quelle heure il est actuellement, mais Damon m’invite à prendre place face à lui à table.
Il me sourit à plusieurs reprises et ne cesse de me fixer. Entre cette attitude, et celle où il arbore un air suspicieux et grave à mon égard, je ne peux m’empêcher de me demander à chaque fois quel côté il choisira de me montrer : le gentil Damon que j’ai connu, ou le sombre Damon que personne ne connait.
Aujourd’hui, il a tenu à ce que je reste en permanence avec lui, décrétant que « nous devons passer le plus de moments possibles ensemble ». J’ai seulement réussi à le quitter quelques minutes, disant que j’allais aux toilettes, et il n’y vit aucune objection. En dehors de ce court laps de temps, je lui ai tenu compagnie tout le temps, et là c’est le gentil Damon à qui j’ai eu l’honneur. Je l’ai retrouvé… Le garçon que j’aime. Mais ce qu’il m’a fait revient en force à chaque fois et je me retrouve perdue dans mes sentiments.
Afin d’oublier à quel point je suis tendue, j’essaie de me concentrer sur la nourriture. Celle-ci à un goût particulier… Mais je ne fais aucun commentaire là-dessus, ni sur son air concentré et attentif à tous mes gestes.
Quand je finis de manger, il me semble apercevoir un petit sourire satisfait sur son visage. Il s’avance vers moi, me prend les mains et m’emmène dans la pièce où nous passons le plus clair de notre temps.
Fatiguée de me poser des questions et de n’avoir aucune réponse, je décide de me laisser faire.
16: LA VEILLE – WHAT LIES BENEATH HIS SICK TWISTED SMILE- Je veux partir d’ici, Damon.
Je suis fatiguée de rester enfermée là, avec lui, sans comprendre pourquoi.
- Je veux partir, et tu vas me laisser m’en aller.
Il se tourne vers moi, crispé.
- Il n’en est pas question.
- Alors explique-moi à quoi tout cela rime ! m’exclamai-je, frustrée.
Ses poings se serrent en signe de colère. Il s’avance brusquement vers moi, me saisis fortement les poignets et me plaque contre le mur derrière moi. Il rapproche son visage tout près du mien. Ses yeux expriment une forte colère, chose que je n’ai jamais vu chez-lui auparavant.
- Tu ne t’en iras pas, un point c’est tout, dit-il d’une voix claire et étrangement calme.
Des larmes me montent aux yeux.
- Damon… tu me fais mal.
Sa colère disparait aussi vite qu’elle est apparue. Il me regarde d’un air désolé et desserre lentement son emprise sur mes poignés. Il me fixe un moment comme s’il ne me reconnaissait pas. Plusieurs émotions semblent passer sur son visage, puis il se rapproche et me prend dans ses bras. Je n’arrive plus à respirer et une forte envie de pleurer me vient, mais je la refoule tant bien que mal. Je pose ma tête sur son épaule.
- Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
Il met un moment à répondre.
- Aria, il faut que tu saches avant tout que je t’aime. La vie est semée d’embûches, elle sépare les gens, met un terme aux meilleures choses. Le temps passe et efface tout. Et je ne veux pas te perde, tu comprends ? Tout ce que je veux c’est que tu restes avec moi pour toujours, et il n’y a qu’un seul moyen pour cela. Toi et moi allons rester ensemble pour l’éternité… Nous allons mourir ensemble.
Je me dégage brusquement de ses bras. Ai-je bien entendu ?
- Comment ça, nous allons mourir ensemble ? Tu va me tuer ? Et… Et tu vas te suicider ? demandai-je, prise de panique.
- Il ne s’agit pas d’un meurtre, ni d’un suicide. Nous allons mourir ensemble. Nous allons être libérés et nos âmes seront liées à jamais.
Je m’éloigne de lui en faisant marche en arrière. Il tente de me convaincre.
- Nous ne pourrions pas être heureux en vie, Aria. Je t’aurais perdu comme j’ai perdu tout ce que j’aimais auparavant ! La mort nous réunira, tu comprends ?...
Il tente de me prendre la main, mais je m’éloigne de plus en plus. Il reprend avec un brin d’agacement dans la voix :
- Tu n’as aucune possibilité de fuir. Le dernier repas que nous avons pris contenait une dose suffisante de poison pour nous tuer tous les deux. Rassure-toi, cela ne fera pas mal. Nous allons nous éteindre lentement, sans douleur.
Je le fixe et je ne sens d’un seul coup plus rien. Je suis paralysée. Je tente de répondre, de prononcer ne serait-ce qu’un mot, mais tout ce qui sort de ma gorge est un sanglot. Je tombe à genoux et Damon se précipite vers moi pour m’aider.
- Non ! hurlai-je en le repoussant.
Je cache mon visage de mes mains et me mets à pleurer. J’ai été tellement stupide… Comment ai-je pu en arriver là ? Comment avons-nous pu en arriver là ?
Je sens la faiblesse me gagner et je me laisse allonger par terre tel que j’étais la première fois que je me suis réveillée ici. Je sens Damon s’allonger à son tour tout près de moi. Une forte sensation de haine me donne envie de lui hurler dessus, ou même pire. Mais à quoi cela servirait-il ? Comme si la peur et la confusion n’étaient pas assez fortes, une sensation complètement inattendue vient s’y mêler. De l’amour. Aussi incroyable que cela puisse paraître j’aime toujours Damon et cela ne changera jamais, quoiqu’il arrive. Même si en ce moment même, il est en train de me tuer.
Que disait Wikipédia à propos de l’amour, déjà ? « L'amour désigne un sentiment d'affection et d'attachement envers un être… ». Je ne m’en souviens plus très bien. Mais je peux toujours y apporter ma propre définition pour compléter le tout : « L’amour est une drogue qui tue lentement l’être qui aime et l’être aimé, accompagnée d’une certaine forme de souffrance qui s’avère être la plus douloureuse et la pire de toutes. L’amour est une maladie psychologique ».
17: AUJOURD’HUI – OUR LAST DANCEDes yeux bleus intenses qui me fixaient. C’est tout ce que je voyais. Pendant un instant j’oublie que nous en sommes tous les deux à notre perte. Il y a un moment que j’ai cessé d’avoir peur. Parce que j’ai compris que je ne pouvais échapper à la mort. Oui, nous allons mourir ici tout les deux, main dans la main, les yeux dans les yeux.
Je me tiens là impuissante en présence de mon ennemi – mon addiction malgré moi. Faible, fatiguée, apeurée, je mourrai bientôt. Je ferme les yeux. Je ne veux plus voir les siens qui me fixent sans relâche, car quand je plonge dans son regard c’est comme si mes yeux n’étaient plus capables de voir, de faire la différence entre la réalité et ce qui ne l’est pas. Il en devient très facile de trouver et de faire les mauvais choix, et dur de comprendre ce qu’est la bonne chose à faire. Je peux lui montrer que je vois pourtant clair dans tous ses mensonges même si je ne fais rien pour les contrer. Mais je ne resterai plus très longtemps dans ce monde.
Je me rappelle alors une chose qu’il m’avait dite. « N’as-tu jamais dansé avec le diable au clair de lune, Aria ? ». À ce moment-là, je n’avais pas compris ce que cela signifiait. J’avais peur, j’étais tétanisée, je ne pouvais plus réfléchir. Je tourne la tête vers lui décidant de le dévisager enfin. Je croise son regard insistant fixé sur moi. Je vois ses yeux de ce bleu acier si familier à présent, je vois ses yeux au regard froid et éteint et je les sens m’envahir et voler ma vie. Je ressens presque mon âme s’échapper de mon corps tremblante et rampante à travers ma peau.
Say goodbye as we dance with the devil tonight
Don’t you dare look at him in the eye
As we dance with the devil tonight
Et là je comprends.
Il m’invitait à danser avec le diable avec lui. Il m’invitait à laisser tomber tout ce que je possédais pour me laisser entraîner dans l’abime avec lui. Il y avait comme quelqu’un ou quelque chose qui me disait « Fais-le ! Fais-le !... Mais tu devras dire adieu à la réalité et tout ce que tu aime ». Il a réussi à créer un piège dans lequel il a mêlé obsession, amour, dépendance et je ne sais quel sort qui m’a gardé auprès de lui. Il m’a fait faire des mauvais choix, le pire est que j’en étais d’une certaine manière consciente mais que je ne me suis point résignée à m’enfuir et connaître un avenir meilleur. Il a décidé de mettre un terme à sa vie et m’a volé la mienne.Cette danse avec le diable était ce qui nous rapprochait de la fin. Et il n’y a plus aucun moyen de mettre une fin à notre danse.
Nous nous regardons toujours. Je ne saurais deviner la nature de cette lueur singulière qui imprégnait ses yeux. Je ne saurais décrire l’effet qu’il me faisait malgré la haine qu’il m’inspire. Je ne saurais expliquer le fait que je sois toujours sous son emprise même si j’essayais de m’en dégager. Je ne saurais définir la raison pour laquelle je l’aimais quand même.
Amour, haine… C’est amusant et surtout étonnant de voir que des fois ces deux émotions totalement opposées pouvaient se lier à la perfection. Et quand la mort venait s’en mêler elle aussi…
Tout ce que nous pouvons faire est se laisser bercer par cette douce musique qui nous guide tandis que nous dansons avec le diable au clair de lune.
FIN
Merci à toi, petit terrien.
Vous avez aimé cette histoire? Retrouvez la prochaine courte histoire de la collection Thirteen Tales of Love and Revenge: Three Wishes
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Chapter: 2
Je ne suis pas bien avec la français, alors je ne peux pas te donne des critiques bien, mais c'est regarde comme une bonne histoire. J'aime ton sommaire, ici.
La chanson Dance with the Devil c'est aussi un favourite du moi.
May 3, 2015 | Monos D.O.A