Sparkatale

[1]

Il était une fois, une fille qui… Oh, pardon. J'avais presque oublié que cette histoire n'avait rien d'un conte de fée.

Recommençons.

Une phrase. Une seule phrase composée de trois mots.

« Il est mort » m'avait-on annoncé.

Cette maudite seconde où je compris se qui passait avait suffit à tout bouleverser. Mon âme ? Prisonnière. Mon esprit ? Perdu. Mon cœur ? Brisé. Mon monde ? Détruit. Ma vie ?... Envolée.

Que restait-il de moi à ce moment-là ? Probablement rien. Cependant, j'étais encore là, vivante. Sauf que la vérité en était bien loin. La vérité est qu'il a suffit de cette seconde pour que je parte moi aussi.

J'étais morte.

« Je serai là pour toi. Je serai là pour toi, pour toujours ». Il semblerait qu'au contraire cela ne se réalisera jamais.

Souvenirs qui ne cessent de revenir. Passé qui ne cesse de me hanter. Que faire pour m'en libérer ? La petite fille que j'étais continuait de sourire, se laissait convaincre que tout s'arrangerait, que tout irait bien. Seulement, la petite fille que j'étais ne s'était pas rendu compte qu'elle fût morte, elle aussi. Mais en grandissant, elle comprit.

En cette obscurité et cette noirceur qui m'imprégnaient alors de toute part, je me remémorais ce qu'était ma vie d'avant. Et tandis que la douleur se faisait ressentir, tandis que les larmes coulaient… Je l'entendis.

J'entendis ce murmure me répéter : « pour toujours. »

« Oui… Pour toujours » dis-je.

[2]

Je ris.

Décidément, « pour toujours » est mon mensonge favori. L'humain ose faire cette promesse, n'ayant aucune idée de ce dont est fait l'avenir. Pour toujours, dites-vous ? Soyez sans crainte, cette promesse absurde sera rompue. Par le temps, par la vie, ou tout simplement par vous-mêmes. « Pour toujours » n'est qu'une promesse que bon nombre de ceux qui la font ne la tiennent pas. Ces deux mots reviendront vous hanter, et vous rappelleront que tout ne tient qu'à un fil. Qu'il suffit d'un rien pour que tout disparaisse. Que tout s'envole. Et ce n'est certainement pas cette promesse vaine qui vous gardera loin de la souffrance.

Qui suis-je à présent ? Qui suis-je devenue ? Suis-je seulement demeurée humaine ? Car il est évident que quelque chose en moi se brise tout les jours. Qu'une petite partie de moi meurt chaque jour.

Je ne suis plus qu'un être insignifiant, parmi tant d'autres. Qui se cache, qui fuit le monde, qui s'abrite dans son propre monde. N'est-ce pas d'une tristesse infinie ? Un être qui souhaite tant se libérer de lui-même, mais qui y reste cloîtré. De peur ? Je ne saurais le dire. Cet être voudrait apprendre à respirer, mais comment faire quand un poids vient vous en empêcher ?

En cette obscurité et cette noirceur qui m'imprègnent alors de toute part, je me remémore ce qu'était ma vie d'avant. Et tandis que la douleur se fait ressentir, tandis que les larmes coulent… Je l'entends.

J'entends ce murmure me répéter : « pour toujours. »

« Oui… Pour toujours » dis-je.

[3]

Contre toute attente, l'orage se dissipa légèrement. Oh, rien ne changea, évidemment. Même vie, mêmes démons. Et pourtant, seul un détail fit la différence.

Oui, car malgré tout, certains trouvent le moyen de m'aimer. J'ignore comment. J'ignore pourquoi. Mais c'est arrivé. Entourée de gens adorables, d'autres moins agréables. Je chéris ces moments pour certains inoubliables.

Serait-ce du bonheur ? Bonheur auquel je ne croyais plus ?

Mais ce bonheur soudain et si inattendu… N'est-il pas seulement une illusion ? Une simple mascarade orchestrée par la vie elle-même et qui consisterait à me donner cette sensation de joie, dans le seul but de tout reprendre comme elle sait si bien le faire ?

Moi. Et moi ? Tout ce que je pourrai faire à ce moment-là c'est voir tout ce qui comptait tant à mes yeux me filer entre les doigts. Disparu. Envolé. Comme dans un souffle.

Ici s'installera de nouveau le vide intense, quelque fois interrompu de mes fidèles émotions que sont la mélancolie et la tristesse. Je reverrai encore une fois le noir, mon vieil ami qui m'a abritée dans mes sombres moments, et qui cette fois, je le pense bien, ne me laissera plus jamais partir.

En cette obscurité et cette noirceur qui m'imprégneront alors de toute part, je me remémorerai ce qu'était ma vie d'avant. Et tandis que la douleur se fera ressentir, tandis que les larmes couleront… Je l'entendrai.

J'entendrai ce murmure me répéter : « pour toujours. »

« Oui… Pour toujours » dirai-je.