Thirteen Tales of Love and Revenge est une collection relatant treize courtes histoires
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Basée sur la chanson de Three Days Grace du même nom
« Pour ceux qui se battent tous les jours: restez forts »
Par Swallowing Darkness
2: Introduction« Aucune personne forte n’a connu de passé facile »
Quelle est la définition d’une personne forte? Quelle est la définition d’un simple passé ? Comment pouvons-nous admettre qu’une personne soit plus forte qu’une autre en fonction de son passé ? C’est tellement général, c’est dénué de sens ! Cela peut s’appliquer à tout le monde, car tout le monde considère leurs passé comme étant rugueux, de toute façon.
« Les personnes faibles se vengent, les personnes fortes pardonnent, les personnes intelligentes ignorent »
Il s’apprêtait à coller une balle dans la tête de l’homme qui représentait son cauchemar.
Il faut croire qu’Ethan Lane avait cessé d’être une personne forte.
3: THIS HOUSE IS JUST AN EMPTY PLACE« I'll be coming home just to be alone. ‘Cause I know you're not there and I know that you don't care »
Ethan sort du lycée et rentre à contre cœur chez-lui. Il avait traîné au maximum tout seul sur le chemin du retour, mais il est quand même arrivé devant la porte de chez-lui bien trop vite à son goût.
Il est 18 heures. Rien que deux heures à supporter et il serait seule et libre après d’aller s’enfermer dans sa chambre, car il estime devoir aider avant. Rien que deux petites heures.
Il ouvre la porte. Un silence assez inhabituel l’accueille tandis qu’il traverse le hall d’entrée.
- Hayley ? se risque-t-il à appeler ?
Hayley est la sœur cadette d’Ethan. Elle est à peine plus jeune que lui. C’est une fille très calme et silencieuse, ne parlant que quand elle en est obligée. Discrète, presque effacée. Elle ne montre jamais ce qu’elle ressent et garde toujours une expression neutre dénuée de toute émotion.
Un bruit d’assiette dans la cuisine fait comprendre à Ethan qu’elle est là.
- Salut, marmonne-t-il ayant franchit le seuil de la pièce.
- Salut, répond posément sa sœur sans le regarder.
Ethan soupire. Il regarde un moment Hayley se démener avec une sorte de bouille qui ne ressemble guère à quelque chose de comestible qu’elle a sans doute préparée en suivant le vieux livre de cuisine de leur grand-mère.
- Tu veux un coup de main ?
- Non, ça va aller.
- Où est Diane ?
Hayley lève ses yeux vides vers son frère.
- Maman n’est pas à la maison.
- Il va falloir lui rappeler, à Diane, qu’elle a deux enfants mineurs qui ont besoin ne serait-ce qu’un tant soit peu d’elle.
Hayley baisse de nouveau les yeux vers ce qui était censé être le diner.
- Elle travaille.
- Ah. C’est ce que tu crois.
Ethan agrippe une chaise avec colère et tente de se calmer. Il nourrit une haine envers sa mère depuis des années déjà. Toujours absente, Diane ne faisait plus partie de la famille pour lui. Il n’avait même plus l’impression d’avoir de famille.
Voilà ce à quoi ressemblaient les moments qu’Ethan passait à la maison. Lui qui rentre à la maison, trouve sa sœur en train de faire difficilement quelque chose pour se rendre utile, sa mère n’étant pas là. Un scénario se répétant tous les jours.
Ethan, Hayley, Diane, les membres brisés de cette famille ont tous les trois perdu leur repères le jour où le quatrième membre disparut : Caleb Lane, le père.
Depuis, tout a été détruit. Absolument tout. Il y avait comme un grand vide qui ne pourrait plus être comblé.
Diane devint de plus en plus absente et laissa tomber ses responsabilités. Hayley se changea en une poupée avec un joli visage mais sans émotions. Ethan, quant à lui, devint agressif, colérique et s’énervait pour un rien.
Une famille qui aurait pu se reconstruire, mais qui n’y a pas réussi à cause d’un secret. L’un en savait beaucoup, l’autre moins ou pas du tout. Mais ce secret les gardait loin les uns des autres.
4: TROUBLE FINALLY CAME HOME« You always disappear, even when you’re here. This is not my home, I think I’m better off alone »
Ethan et Hayley avaient commencé à manger. Aucun des deux ne parlait. Seul le bruit des couverts contre les assiettes se faisait entendre, jusqu’au moment où la porte d’entrée s’ouvre bruyamment.
Des pas approchent et Diane apparait sur le seuil de la cuisine. Elle regarde ses enfants tour à tour et soupire, exaspérée. Elle s’affale sur une des chaises libres et fait la moue en inspectant le diner qu’avait préparé Hayley.
- La prochaine fois, vous attendrez que je sois rentrée au lieu d’essayer de vous empoisonner avec cette nourriture infecte.
- On avait faim, dit Hayley calmement.
- On en a fini de t’attendre, dit Ethan en même temps.
- Pardon ?
Diane haussa des sourcils d’un air sévère.
- Tu as très bien entendu, réplique Ethan.
- Saches que je travaille dur pour subvenir à vos besoins.
Ethan éclate d’un rire sans joie.
- Ah oui ? Tu es censée être notre mère, tu es censée être là pour nous. Et où tu vas, toi, hein ? « Travailler pour subvenir à nos besoins », c’est ça ? Dis plutôt que tu fuis toute responsabilité qui soit liée à nous !
Sa mère se lève et Ethan fait de même avec un air de défi.
- Je t’interdis de me parler comme ça.
- Je te parle comme je veux, Diane.
- Et ne m’appelle pas comme ça ! Je suis ta mère, Ethan.
- Tu as perdu ce rôle le jour où tu as décidé d’abandonner tes enfants.
Diane pince les lèvres, agacée.
- Vous avez un toit, de la nourriture, des vêtements et vous ne manquez de rien. Si je vous avais abandonnés, vous seriez à la rue à chercher de quoi manger dans les poubelles.
Ethan donne un coup sur la table.
- Tu crois qu’on te doit quelque chose, peut-être ? Excuse-moi, Diane, mais je peux t’assurer que tu n’es plus rien pour nous. Plus rien du tout !
Diane, sous le coup de la colère, prend un verre posé sur la table et le jette droit sur le visage de son fils. Celui-ci l’évite de justesse, et l’objet se fracasse en mille morceaux en atterrissant sur le mur.
Ethan regarde sa mère bouche-bée. Les disputes étaient fréquentes, mais jamais Diane n’avait eu une telle réaction.
Hayley se lève subitement.
- Ca suffit, tous les deux. Calmez-vous.
Mais au lieu de ça, Ethan devint furieux. Il attrapa une tasse sur le comptoir et la jeta vers sa mère. Diane ne fut pas touchée, elle contre-attaqua avec une assiette. Les deux continuaient rageusement à se lancer vaisselle, ustensiles et couverts dans un fracas incroyable.
Hayley s’était retirée pour se protéger des morceaux de verre qui volaient de part et d’autre, mais elle eut le malheur d’essayer de s’interposer entre les deux et elle reçut un des morceaux au visage, et seulement à ce moment-là ils arrêtèrent. Sa joue saigna immédiatement, le liquide rouge gouttait par terre. Elle porta sa main à son visage et regarda son frère et sa mère l’un après l’autre. Pour une fois, ses yeux vides et las exprimèrent quelque chose.
- Je vous déteste, fit-elle avant de s’en aller.
De la haine. C’est tout ce que cette famille connaissait depuis fort longtemps, une haine et une colère sans relâche.
5: BROKEN FAMILY, BUT WHAT WAS THE REASON?« This house is not a home »
Ethan avait jeté un dernier regard noir à sa mère et quitta la pièce à son tour. Il monta vite les escaliers à la suite de sa sœur.
Il frappa à la porte de la salle de bain, là où Hayley s’était enfermée.
- Hayley ?
- Fiche-moi la paix !
Ethan n’insista pas. Il se retira dans sa chambre en claquant la porte avec fureur. Il s’assit sur son lit et se tint la tête entre les mains.
C’est là que cet éternel et insupportable souvenir l’assaillit de nouveau.
13 Novembre 2006, 17:21
Ethan était tranquillement assis à la table du salon. Il faisait des dessins et les montrait fièrement à son père à chaque fois qu’il en finissait un.
Ca avait été une belle et agréable journée, jusqu’au bouleversement.
Quelqu’un toqua à la porte. Caleb s’avança et regarda discrètement par la fenêtre de la cuisine, donnant vue sur le porche. Ses traits se crispèrent.
Il retourna rapidement auprès de son fils.
- Ethan…
- Ouvrez cette porte ! dit une voix masculine.
Caleb jeta des coups d’œil frénétiques à la porte.
- Qui est-ce ? demanda le fils.
- Ethan, dit le père d’une voix douce, tu veux bien jouer à un jeu avec moi ?
- Un jeu ?
- Oui. Cours te cacher, je compte jusqu’à dix. Mais tu n’as pas le droit de sortir de ta cachette quoi qu’il se passe, jusqu’à ce que je vienne te chercher. C’est d’accord?
- D’accord.
- Ethan… Je t’aime, mon fils.
Ethan parut à la fois intrigué et amusé.
- Moi aussi, papa.
Caleb sourit, puis mit les mains sur ses yeux et fit mine de compter.
- Un, deux, trois…
Dès qu’Ethan fût parti, Caleb se dirigea de nouveau vers la fenêtre. L’homme était toujours là, le visage défiguré par la colère, tenant une arme à la main.
Caleb monta rapidement les escaliers. Dès qu’il fut arrivé à l’étage, il entendit de violents coups à la porte puis celle-ci finit par s’ouvrir.
L’ennemi était à l’intérieur.
Caleb alla en trombe dans sa chambre en espérant que son fils lui obéirait et ne bougerait pas d’où il est. Il priait très fort pour qu’il ne lui arrive rien. Il ouvrit rapidement le tiroir de la table de nuit, et y prit un pistolet.
Il avait décidé d’aller affronter l’intrus une fois pour toute. Mais quand il se retourna, il le vit débout sur le seuil de la chambre, pointant son arme sur lui.
L’homme sourit de toutes ses dents. Il désigna du menton une photo de famille posée sur la table de nuit qui représentait Caleb, Diane et leurs deux enfants Ethan et Hayley.
- Jolie photo, commenta-t-il amèrement.
Puis le coup de feu partit instantanément. Et Caleb tomba à terre, mort.
L’homme s’en alla croyant qu’il n’y avait aucun témoin à la scène, Diane et Hayley étant absentes cette fin de journée. Seulement, il y en avait un.
Ethan, assis depuis le début dans le placard de la chambre, avait observé avec un mélange de peur et de curiosité ce qu’il venait de se passer.
Ce n’est que bien plus tard, quand Diane et Hayley rentrèrent et trouvèrent le cadavre, qu’il réalisa que son père était mort, assassiné sous ses yeux, sans qu’il ne puisse rien y faire. Jusqu’ici son cerveau avait rejeté cette idée. « Non, mon père n’est pas mort. Non, mon père n’est pas mort ». Voilà ce qu’il s’était répété durant des heures sans bouger du placard.
Diane avait immédiatement fait sortir Hayley, alors petite, dans le couloir. La petite fille avait néanmoins eu le temps de voir le sang de son père déversé sur le sol. Diane était tombée à genoux, tremblante et bouleversée. La mère et la fille pleuraient à l’unisson, puis Diane alla chercher son fils, la peur au ventre.
- Ethan ! criait-elle, dans l’espoir que celui-ci soit en vie.
Elle le retrouva plus tard, après avoir appelé la police. Elle le prit dans ses bras, le réconforta, lui posa une multitude de questions.
- Ethan, que s’est-il passé ?
Mais Ethan ne répondit pas. Il resta muet à toutes les questions. Quand il se décida enfin à parler, il dit :
- Papa m’a demandé de rester dans le placard quoi qu’il se passe. Alors, je n’ai pas bougé même quand le méchant homme est entré et a tué papa. Je voulais l’aider, maman. Mais je voulais lui obéir, alors je ne suis pas sorti.
Ethan était âgé de huit ans.
6: WHEN YOUR LIFE TURNS OUT TO BE A GREAT LIEEthan finit par s’allonger et fermer les yeux. La colère subsistait, et elle fut vite jointe d’une profonde tristesse. Il s’y laissa noyer. Il n’avait jamais pu combattre sa tristesse et sa colère. Il n’avait jamais su comment.
Il resta ainsi à se remémorer malgré lui d’autres souvenirs douloureux. Le moment où il fut interrogé par la police, le moment de l’enterrement, le moment où il avait dû consulter un psychiatre puis suivre des séances chez le psychologue, et puis toutes ses années douloureuses jusqu’à ce jour.
Sa situation s’était détériorée petit à petit. Chaque jour était un combat, une nouvelle épreuve qu’il s’efforçait de mener à bien. Il vivait chaque jour avec la scène de son père se faisant tirer dessus par cet inconnu en boucle dans sa tête, cette scène de son père mourant était encrée dans sa mémoire.
Un long moment s’écoula avant qu’il ne soit alarmé par un soudain remue-ménage qui semblait provenir d’en bas. Il se leva et tendit l’oreille. Un cri retentit et il se précipita pour voir de quoi il s’agissait. Descendant les escaliers sans bruit, il guetta le moindre bruit.
- Je viens vous reprendre. Vous êtes à moi, et personne d’autre que moi ne vous aura.
Ethan se figea sur place.
« Jolie photo ». Cette phrase qu’avait prononcée l’inconnu avant de tuer Caleb. C’était la même voix. Des phrases lui parvinrent du salon.
- Aiden, calme-toi. Je ferai tout ce que tu demandes mais laisse les enfants tranquilles.
- Il n’en est pas question. C’est une affaire de famille, que nous devons tous régler.
Ethan eut un instant l’idée d’essayer d’atteindre la cuisine afin de s’armer au moins d’un couteau. Mais il pensa que l’homme serait très probablement armé d’un pistolet comme il y a neuf ans et que le couteau serait donc inutile, et puis la cuisine était un tantinet trop exposée au salon et il se ferait vite prendre. Il tenta alors de rebrousser chemin vers l’étage, afin de se munir du pistolet que son père avait vainement utilisé pour se défendre. Il était toujours à sa place.
La discussion se poursuivait dans le salon. Il se força à avancer très lentement de manière à ne pas faire de bruit. Une marche, deux marches, trois marches…
- Bonsoir, Ethan. Tu as bien grandi, dis donc! Dire que quand on me t’a enlevé, tu n’étais qu’un enfant de deux ans.
Le jeune homme se crispa de nouveau, le dos tourné à l’inconnu.
- Allons, regarde-moi, Ethan. Ne veux-tu pas enfin découvrir le visage de ton vrai père ?
7: THIS HOUSE BECAME HELLEthan avait-il bien entendu ?
Il se retourna lentement, la peur au ventre. Aiden pointait sur lui une arme.
- Ah, enfin. Tu te souviens de moi, n’est-ce pas ? Je sais que tu m’as vu…
Ethan déglutit difficilement. Oui, c’était bien l’homme qui était entré chez eux il y a des années de cela avec l’intention de commettre un crime. Il était vieilli, et semblait fatigué. Mais aucun doute là-dessus, c’était bien lui.
- Tu ne dis rien ?
- Que pourrai-je dire ? A part que j’ai assisté au moment où vous avez tué mon père…
- Tu n’as visiblement pas l’air de comprendre. Viens, Ethan, descends que je t’explique.
Ethan ne bougea pas, méfiant. Aiden baissa le pistolet et lui laissa le champ libre vers le salon.
- Je te l’ai gentiment demandé, ne m’oblige pas à venir te faire descendre de force.
Ethan s’exécuta.
Il marcha en gardant un œil sur Aiden, lequel paraissait s’amuser de la situation. Dans le salon, Diane et Hayley sont assises attachées à leurs chaises. Les deux observèrent Ethan.
- Je te propose de prendre une chaise, toi aussi, mon petit Ethan.
Le jeune homme traîna mollement une chaise à côté de sa sœur et s’y installa. Aiden s’assit à son tour et les regarda tous un grand sourire aux lèvres.
- Très bien. Maintenant que tous les membres sont présents, la réunion de famille peut commencer.
- Diane, pourquoi dit-il qu'il est mon père ? demanda Ethan.
Diane soupira bruyamment, agacée.
- Parce que c’est le cas.
- Comment ça, c’est le cas ? intervint Hayley, en colère. Comment ce parfait étranger pourrait être notre père ?
Diane émit un petit grognement.
- Non, pas votre père. Seulement celui d’Ethan.
Les deux jeunes écarquillèrent les yeux.
- Quelle belle famille nous avons là… Ce bon vieux Caleb a fait de vous des… Gens biens, commenta Aiden ironiquement, plus qu’amusé.
- Je vous interdis de parler de mon père comme ça ! cria Ethan.
Aiden soupira.
- Tu as bien grandi et tu es beau garçon, Ethan, vraiment. Mais ton cerveau semble avoir quelques difficultés à assimiler les choses.
Il soupira de nouveau et secoua la tête d’un air désolé avant d’ajouter :
- Caleb n’a jamais été ton père. Je suis ton père. Quand est-ce que tu vas te rentrer ça dans ta petite tête ? Et puis, il va falloir te mettre à me tutoyer, nous faisons partie de la même famille, voyons !
- Ca suffit, cracha Diane. Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que tu fiches encore ici ? Ca ne t’as pas suffit de me harceler pendant tout ce temps ?
- Whoa, doucement… On se calme. L’atmosphère est beaucoup trop tendue, vous ne trouvez pas ? Il va falloir…
- Fermez-là ! S’égosilla Ethan.
Aiden le fixe un instant.
- Tu as de la chance d’être mon fils.
- Je ne suis pas votre fils.
- Bon sang, Diane ! Ce gosse est complètement stupide, ma parole. Qu’en avez-vous fait, toi et Caleb ?
- Nous en faisions quelqu’un de respectable. Nous faisions notre possible pour qu’il soit différent de toi.
Aiden rit.
- A ce que je vois, c’est raté. Ses colères, ses crises, ses cris. C’est tout moi, ça, n’est-ce pas.
Diane n’en pouvait plus.
- Dis-moi qu’est-ce que tu veux. Qu’en on finisse.
- Mais je vous veux, vous. Je veux la famille qui m’a été enlevée par mon meilleur ami.
- Votre meilleur ami ? répéta Hayley.
- Parfaitement. Ton père, vois-tu, m’a présenté à ta mère et nous avons finit par nous marier. Nous étions heureux, nous venions d’avoir Ethan. Puis ton père s’est empressé de me prendre ma femme et mon enfant.
- Rectification, intervint Diane. Caleb a été là pour moi quand toi tu devenais incontrôlable. Tu n’étais qu’un salopard alcoolique qui n’en avait rien à faire de sa famille. Caleb m’a ouvert les yeux. Et j’ai décidé de te quitter. C’était mon choix, et non celui de Caleb. Et ce choix était le bon. Nous avons fini par tomber amoureux l’un de l’autre, et tu es sorti de nos vies.
Un silence tomba.
- Tu crois que c’est juste, Diane ? Qu’un homme vous offre le bonheur, et vous le reprend du jour au lendemain ?
- Et tu crois que c’est juste ? De tuer un homme innocent qui a simplement prit soin de ce que tu as délaissé de ton plein gré ?
Aiden ne parut plus du tout amusé.
- Quoi qu’il en soit, je reviens reprendre ce qui est à moi. Ma femme et mon fils. Vous deux resterez avec moi, qu’il vous plaise ou non. Nous sommes une famille, vous comprenez ?...
Il désigna Hayley.
- Elle, c’est la fille de Caleb. Elle ne m’est d’aucune utilité.
Il brandit son arme d’un geste nonchalant et lui tira une balle dans la tête. La jeune fille mourut sur le coup.
Diane hurla d’horreur. Ethan, quant à lui, se jeta sur Aiden par réflexe, sans réfléchir.
Il lui donna des coups à la figure comme il ne l’avait jamais fait. Il était d’une telle violence qu’il ne se reconnaissait pas lui-même. Aiden parut être un peu affaibli, mais se débattait encore avec force. Diane bougeait dans tous les sens afin de se libérer de ses liens.
Ethan essayait de toutes ses forces d’atteindre le pistolet tombé non loin d’eux. Mais alors que Diane réussit enfin à se défaire des liens et qu’elle se jetait sur l’arme, Aiden projeta Ethan sur le dos. Une vive douleur traversa le corps d’Ethan tandis qu’il heurtait le sol. Il se releva cependant très vite, tituba en arrière jusqu’au seuil et vit Aiden se battre avec sa mère, lui enlever le pistolet et lui tirer une balle dans la tête.
- Maintenant à nous deux, dit Aiden.
Ethan s’élança sans savoir où aller. Il regretta aussitôt d’avoir choisit de monter les escaliers.
« Je suis piégé, se disait-il. Je suis piégé, et il va me tuer »
Il évita les quelques balles qui avaient fini dans le mur. Il courait le plus vite possible. Mais pour aller où ? Le premier étage n’offrait aucune issue.
Mais il trouva une solution. Ses jambes le portèrent jusqu’à la chambre de ses parents. Il se munit du pistolet tandis qu’Aiden arrivait sur le palier. Ethan courut se cacher dans le placard.
- Ethan ? appela gentiment Aiden. Tu n’as pas à avoir peur de moi, tu sais ? Je suis ton père. Tu m’entends ? Je suis ton père !
Il n’eut aucune réponse. Il avançait tranquillement dans le couloir, ouvrant brusquement chacune des portes et brandissant son arme. Il arriva à la fameuse chambre. Il se mit à rire et y entra.
- Tu es là. Je le sais. Allez, montre-toi donc, Ethan.
Ethan, assis dans le placard, ressentit le goût amer du souvenir indésirable qui revenait sans cesse le tourmenter. Une fois de plus, la fameuse scène se joua dans sa tête. Une vive colère monta en lui et il sortit de brusquement de sa cachette.
Aiden ne fit qu’en rire encore plus.
- Tu sembles aimer ce placard.
Ethan pointait son arme vers lui, la respiration saccadée.
- Pose ça, petit, lui dit Aiden.
Il parut d’un seul coup fatigué.
- Tu sais, je ne voulais pas tous vous tuer. Je voulais juste me débarrasser de la petite. Mais les choses ont changé… Adieu, Ethan.
Comme il l’avait toujours fait, il appuya sur la détente juste après ses paroles. Ethan crut qu’il avait été vaincu. Mais à leur grande surprise à tous les deux, pas de coup de feu. Aiden appuya plusieurs fois encore, désemparé.
Plus de balles.
Un petit sourire narquois fleurit sur le visage d’Ethan.
- C’est ironique, n’est-ce pas ? Mon père – et je persiste à dire que c’est lui, mon père – est mort ici il y a neuf ans. A qui la faute ?
Ethan haussa les épaules comme s’il ignorait la réponse.
- A vous, étranger, fantôme du passé.
« Cet homme a tué ton père, ta mère et ta sœur. Tue-le. Tue-le », disait son cerveau.
Il aurait pu choisir de l’épargner. Que disait-on déjà ? « Les personnes fortes pardonnent ». Il aurait pu rester fort, car oui, il l’avait été toute sa vie. Mais comment pardonner une telle chose ? Comment accepter de pardonner quelqu’un qui vous a fait autant de mal ? Neuf années de souffrance, sans compter le reste de sa vie. Non, il ne le pardonnerait pas. C’était inconcevable…
Il allait le faire. Il s’apprêtait à coller une balle dans la tête de l’homme qui représentait son cauchemar.
Il faut croire qu’Ethan Lane avait cessé d’être une personne forte.
Aiden finit à terre, définitivement mort.
Depuis la tragédie d’il y a neuf ans, Ethan a en quelque sorte fini par croire que cette maison était maudite. Cette maison a cessé d’être un foyer et a petit à petit abrité l’enfer.
Ethan Lane prit le cadre qui abritait une photo de famille datant de plusieurs années et s’allongea par terre dans le bain de sang. Il détailla chacun des visages heureux et souriants. Caleb, Diane, Hayley, et enfin lui. Comment ces sourires ont-ils pu si vite fait de s’évanouir ?
FIN
Merci à toi, petit terrien.
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