Thirteen Tales of Love and Revenge

Thirteen Tales of Love and Revenge est une collection relatant treize courtes histoires

 

 

 

My Own Worst Enemy

Basée sur la chanson de Robert Pettersson du même nom

 

 

« Pour ceux qui ne savent plus, des fois, qui ils sont »

 

Par Swallowing Darkness

2: Introduction
Introduction

Tout comme il y a deux versions à chaque histoire, il y a deux versions à chaque personne. Une version que nous révélons au monde et l’autre que nous gardons cachée… Une dualité gouvernée par l’équilibre de la lumière et l’obscurité. Chacun de nous a la capacité d’accomplir le bien et le mal. Mais ceux qui sont capables de brouiller la ligne de la division morale détiennent le vrai pouvoir.

Emily Thorne

L’être humain a deux visages, dit-on. Dans ce cas, Ben pourrait choisir de se sentir normal. Mais cette voix qu’il ne cesse d’entendre, cette personne qui prend possession de son corps, ce démon qui reflète et incarne le mal en lui… Il ne fait que lui rappeler qu’il y a définitivement quelque chose d’anormal chez lui.

3: ONE BODY, TWO MINDS
ONE BODY, TWO MINDS

Ben Miller est antipathique. Il était de ces individus détestables et désagréables. Le regard froid, le visage figé en un masque inexpressif, il était de ceux qui restaient seuls et n’aimaient pas la compagnie. D’ailleurs, chose qui l’arrangeait, les gens le fuyaient d’eux-mêmes.

Il est étudiant en médecine. « S’il haïssait tellement l’espèce humaine, pourquoi a-t-il choisi ce métier ? » me direz-vous. Et bien parce qu’il y avait été contraint. Dans sa famille, il était évident qu’il suivrait cette voie et aucune autre. « Tu seras médecin, comme ton papa », lui disait-on. Ben, à cet âge-là, était fier de ressembler à son père. Mais en grandissant, il s’était rendu compte que faire ce métier n’était pas vraiment ce qu’il souhaitait. Seulement, après une tempête de disputes à ce sujet, ses parents ont catégoriquement refusé que Ben fasse autre chose que suivre des études en médecine à l’université qu’ils avaient choisie pour lui. Ben, ne pouvant avoir son mot à dire sur la chose fit ce qu’il devait faire : s’inscrire à l’université, faire des études de manière assidue, et exercer ce métier tellement important aux yeux de ses parents.

Ainsi donc, Ben était quelqu’un de brillant, quelqu’un de remarquable. Mais il lui manquait une chose : une vie sociale. Durant son adolescence, les autres lui parurent sous leur vrai jour : des personnes superficielles, ne sachant ce qu’ils faisaient, ne sachant rien de la vie. Et le plus aberrant, c’est qu’ils étaient heureux ! Pourquoi Ben, lui, ne l’était pas ? Lui qui avait du charme, de l’intelligence, de la discipline. Pourquoi ne pouvait-il être heureux comme tous ces jeunes stupides et insouciants autour de lui ? Ben ne put répondre à cette question. Le monde le rejetait ? Le monde ne voulait pas de lui ? Alors il tournait le dos au monde. Aussi simple que cela. Son ombre devint sa seule amie, sa solitude son réconfort et son abri.

Pourtant, petit, il était heureux. Mais étant enfant, nous ne voyons pas la réalité de ce monde. Etant enfant, nous ne nous doutons pas que les êtres humains sont des monstres, et qu’ils font de ce monde un enfer. Non, quand on est enfant nous sommes aveuglés par notre innocence, nous ne voyons ni ne ressentons les ténèbres régner sur notre monde. Par la faute de qui ? De l’homme, évidemment. L’homme est le plus atroce, le plus cruel des monstres qui puissent exister. Mais ça, Ben le comprit plus tard.

Un corps, deux esprits. Le monstre commença à se réveiller en lui.

4: IN THE MIRROR I SEE YOU STARING BACK AT ME
IN THE MIRROR I SEE YOU STARING BACK AT ME

Ben venait de se réveiller. Il demeura allongé un instant, les yeux mi-clos aveuglés par la lumière ambiante, essayant de se rappeler à quel moment il s’était couché. Il avait mal à la tête et les souvenirs de la veille s’évaporaient à mesure qu’il réfléchissait pour se les rappeler. Il finit par se lever, non sans difficulté. Il tituba un instant, voulant se diriger vers la salle de bain, mais il s’arrêta soudain.Quelque chose qu’il avait perçut du coin de l’œil attira son attention.

Le vieux miroir en long que sa mère avait tenu à ce qu’il garde était adossé dans son coin, comme d’habitude. Il reflétait son image, mais de manière différente.

- Dommage que j’aie dû te laisser la place.

Ben sursauta. Il regarda instinctivement derrière lui, partout dans la pièce, mais il n’y avait personne d’autre que lui entre les quatre murs de sa chambre.

Il entendit un rire.

- Ici !

Ben redirigea son regard sur le miroir. Son reflet montrait une personne qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, mais si différente en même temps. Ses yeux dégageaient une haine sans égal, sa bouche formait un rictus effroyable, sa posture seule était imposante. Mais ce qui fit le plus peur à Ben, c’était le sang étalé sur ses vêtements.

Son reflet fit la moue puis sourit.

- Ca t’effraie ? Regarde ta manche.

Ben, profondément horrifié par le fait que son reflet sur le miroir puisse interagir avec lui, baissa les yeux vers ses manches. Il y découvrit de petites gouttes de sang. Il en décela d’autres, plus ou moins grandes ici et là sur sa chemise. Des milliers de questions lui passèrent par la tête, et ce n’est que perplexe qu’il remarqua d’autres tâches du liquide rouge dans le couloir. L’une d’entre elles avait une forme définie et s’étalait sur la porte de la salle de bain… Une main.

- Ne t’inquiète pas, j’ai vérifié. Personne ne viendra la chercher.

« Personne ne viendra la chercher » ? Que voulait-il dire ?

Ben, tremblant, marcha jusqu'au couloir. Une odeur bizarre planait dans l’air, bien qu’il ne l’ait pas remarquée plus tôt, et s’intensifiait de plus en plus à chaque pas vers la salle de bain. Il fixa un instant la marque de sang en forme de main sur la porte. Il tourna la tête vers sa gauche, et il la vit.

Une jeune femme, de vingt ans tout au plus, gisait allongée dans la baignoire et baignant dans son sang. Le liquide rouge emplit la baignoire et déborda même sur le carrelage. Elle avait de beaux yeux sombres, mais sans vie.

Ben fut prit d’un haut le cœur. Il ressortit en trombe sous le coup de l’effroi. Il déglutit tandis qu’il fut assailli par une grande peur.

Avait-il vraiment fait ça ? Quand ça ? Serait-ce la veille ? Pourquoi ne se souvenait-il de rien ?... Etait-il réellement capable d’agir de la sorte ?

Soudain, la colère s’empara de lui. Non, ce n’était pas Ben. C’était lui.

Ben accourut dans la chambre en criant :

- C’est toi qui as fait ça, je le sais !

Mais son double qui était apparut dans le miroir à peine quelques minute plus tôt avait disparut.

- Où es-tu ? Je sais que c’est toi qui as fait ça. Montre-toi !
- Ce n’est pas moi, c’est toi.

Ben regarda instinctivement le miroir. Personne.

- Tu es un monstre, comme tous les humains, entendit-il cependant. Je représente le mal en toi, mais toi seul es responsable de tes actes.
- Q-qui es-tu ? Je veux que tu t’en ailles…

Son double réapparut sur le miroir, un sourire narquois sur les lèvres.

- Dans le miroir, tu me verras à jamais, dit-il.

5: SO WHAT IF YOU CAN SEE THE DARKEST SIDE OF ME?
SO WHAT IF YOU CAN SEE THE DARKEST SIDE OF ME?

Ben était encore sous le choc de sa découverte. Un cadavre était dans sa salle de bain. Il y avait du sang partout : les murs, la porte, la baignoire, le couloir et ses vêtements. Mais le plus ahurissant, c’était qu’il n’avait aucune idée de ce qui s’est passé, ni même de qui était cette fille.

Après des heures à essayer de poser des théories plus ou moins plausibles à propos du déroulement des évènements de la veille, Ben reprit enfin son calme. Du moins, essayait-il. En quoi était-ce normal de se trouver un cadavre dans sa baignoire ? En quoi était-ce normal d’affronter son propre reflet dans un miroir ? En quoi était-ce normal de simplement se réveiller un matin et de découvrir ces choses affreuses, sans qu’il n’en ait eu la moindre idée avant ? Ca ne l’était pas. Certes, il lui arrivait d’oublier certaines choses, mais de là à oublier de pareils évènements…

Et puis une question le taraudait. Etait-il possible qu’il ait tué cette fille ? Il est clair qu’il détestait l’espèce humaine, mais Ben se savait incapable de faire une chose pareille. Mais alors, quelle était la solution au problème ? Quelle était la vérité ? Bien sûr, il y a avait lui… Le double de Ben. Lui était capable de le faire. Mais comment un reflet pouvait-il agir de sa propre personne ? Comment pourrait-il commettre ce crime ? Cela n’avait aucun sens ! Ben en avait de plus en plus mal à la tête. Non… Il y avait là une seule et unique réponse à la question : Ben lui-même avait commis cet assassinat. Mais dans ce cas, pourquoi ?

Ben n’en pouvait plus de réfléchir. Il finit par se dire que même si tout cela n’était pas normal, qu’il n’y avait là aucun sens, il devait agir. Il nettoya le sang, lava ses vêtements. Quant au corps, il se contenta de l’envelopper dans de vieux draps et de le laisser dans la baignoire, rideau tiré, en attendant de trouver un moyen de s’en débarrasser. C’était le week-end, et il restait généralement dans son appartement les jours où il n’avait pas cours. Et puis, pensa-t-il, il était peu probable que quelqu’un vienne le voir ce jour-là…

Et c’est exactement à ce moment-là qu’on frappa à la porte.

Ben jura. Il referma soigneusement la porte de la salle de bain puis se dirigea vers la porte d’entrée. Qui que ce soit, il fallait qu’il s’en aille vite.

- Bonjour, Ben !

La jeune femme lui sourit.

- Oh, Ellie. Bonjour.

Il avait complètement oublié qu’ils devaient se voir ce jour-là. Il la prit dans ses bras.

- Entre.

Ellie était la seule amie qu’il avait. Ben méprisait tous les autres, mais Ellie était bien la seule qu’il ait réussi à apprécier. Elle était étudiante en psychologie, et ils s’étaient rencontrés un jour à l’université. Ben était à ce moment-là dehors à jeter ses fameux regards noirs partout autour de lui.

- Chagrin, mépris, colère voire haine… Je dirais même un certain vide dans le regard, avait dit Ellie en s’approchant de Ben. La question est « pourquoi ? ».
- « Pourquoi ? » est certes une bonne question. Mais celle qui prend le dessus à mon avis est « comment changer cela en quelque chose de positif ? ».

Ben ne sut pas vraiment pourquoi, mais Ellie sourit.

- Pas faux. Il n’empêche que je suis bien curieuse de découvrir le « pourquoi ».
- Tous ces individus ne pourraient pas faire l’affaire ?
- Non. Ils sont loin d’être intéressants.
- Parce que moi, je le suis ?

Ben en doutait fort.

- J’ai toujours aimé déchiffrer les expressions des autres. Essayer de deviner ce qu’ils étaient au fond d’eux, est-ce que cela colle avec ce qu’ils s’obstinent à montrer aux autres. J’ai toujours trouvé l’être humain très intéressant. Et jusqu’ici, j’ai réussis à effectuer un profil plus ou moins précis des gens qui m’entouraient. Mais avec vous, je n’y arrive pas.

Telle était la rencontre entre Ben et Ellie. C’était la première fois depuis très longtemps que Ben trouvait quelqu’un agréable. Ellie était jolie, gentille, adorable et brillante. Mais elle avait tendance à vite perdre patience pour certaines choses et à s’emporter. Mais cela ne dérangeait pas Ben. Il l’appréciait. Et même s’il ne voulait pas se l’avouer, il avait un faible pour elle.

Ben s’effaça pour la laisser entrer et Ellie marcha devant dans le couloir. Tous deux devaient passer devant la salle de bain afin d’accéder au minuscule salon. Il jeta un coup d’œil appréhensif vers la fameuse porte qu’il fallait à tout prix éviter. Mais à peine osa-t-il espérer qu’elle continuerait sans s’arrêter, Ellie se figea.

- Quelle est cette odeur ? demanda-t-elle en se retournant.
- C’est les poubelles en bas dans la rue, dit-il le plus naturellement possible. Les gens sont incorrigibles. Toujours à jeter leurs ordures n’importe comment.
- Oh…

Ellie croisa une seconde ses yeux, et Ben eut l’horrible impression qu’elle avait comprit ce qu’il se tramait, comme si elle avait la capacité de lire en lui et qu’elle savait qu’il mentait. Ellie essayait au début de leur amitié de deviner des choses sur lui, et cela l’amusait de la voir réfléchir alors qu’il lui donnait de mauvaises pistes. Mais maintenant Ellie en savait long sur lui, même si elle ne connaissait pas les pensées et les sentiments qu’il gardait en son for intérieur. Le fait qu’Ellie puisse intercepter ce qu’il se passait dans sa tête l’avait toujours effrayé – il détestait qu’on puisse deviner ce qu’il pensait ou ressentait dans telle ou telle situation. Et effrayé, il l’était encore plus maintenant. Et si Ellie pouvait voir son côté le plus obscur ?

Ellie haussa les épaules et rentra dans le salon, chose qui soulagea Ben.

- Alors, de quoi voulais-tu me parler ?
- Euh…

Ce qu’il allait dire à Ellie était probablement l’une des choses les plus dures qu’il eut à faire dans sa vie.

- Eh bien…
- Eh bien ? demanda Ellie non sans amusement.
- Je t’aime.

Les mots sortirent rapidement de la bouche de Ben, peut-être un peu trop brusquement. Il était mal à l’aise, mais il ressentit plus de la déception on voyant le sourire d’Ellie s’effacer petit à petit.

- Non… Nous ne pouvons pas, murmura-t-elle. Je t’aime beaucoup, tu le sais, Ben. Mais tu sais aussi que je m’en vais bientôt, et…
- Non, l’interrompit-il. Ce n’est pas la vraie raison. Tu me trouve anormal, c’est cela ? Le fait que je m’isole, que je sois coupé du monde. Tu trouves ça mauvais pour moi, mais surtout tu me trouves anormal juste comme tous les autres le pensent. C’est pour ça que tu ne m’aimes pas, n’est-ce pas ?
- Le normal est une illusion. Ce qui est normal pour l’araignée est chaos pour la mouche.
- Cela ne répond pas à ma question.

Ellie mit un certain temps avant de répondre.

- C’est-à-dire que… Ben, il t’arrive souvent d’avoir des absences ?
- Des absences ? répéta-t-il, perplexe.
- L’autre jour, quand je suis venue te voir, tu en as eu une… Nous parlions comme d’habitude, et puis, tu étais comme… parti. Tu ne réagissais plus, tu ne me répondais plus, tu restais seulement assis à regarder fixement dans le vide… (Elle inspira profondément) Je suis restée un moment, me demandant ce que je devais faire. Je me suis dit que peut-être… Peut-être tu étais sous médicaments. Alors, j’en ai cherché, sans résultat. Puis tu as fini par me rappeler, et t’es mis à parler comme si de rien n’était…

Ellie releva les yeux, et vit que Ben avait l’air d’être bouleversé.

- Ben ?
- Des absences… chuchota-t-il. Est-ce que… J’ai dit ou fait quelque chose de particulier ? demanda-t-il avec de l’appréhension dans la voix.
- Non… Pourquoi ? Cela t’est déjà arrivé ?
- Non, dit Ben d’un ton sec et froid.

Les yeux d’Ellie s’imprégnèrent d’un mélange de tristesse, regret et compassion. Ben comprit ce que cela voulait dire.

- Je crois que je devrais m’en aller, Ben.

Elle l’embrassa sur la joue.

- Je suis désolée. Tu es la dernière personne à mériter de souffrir.
- Et pourtant je souffre, murmura Ben.

Ellie baissa les yeux, attristée et gênée. Elle finit par quitter la pièce, puis la porte d’entrée claqua, signe qu’elle était partie pour de bon.

Ben, triste comme jamais, resta immobile pendant de longues minutes, peut-être même des heures. Et il sentit le vide lentement s’installer en lui.

6: THIS EVIL THING IS TAKING OVER ME
THIS EVIL THING IS TAKING OVER ME

La nuit tombée, Ben se mit en route. Les rues étaient vides, sombres et silencieuses, un endroit bien effrayant mais avantageux pour lui. Le corps était dans le coffre n’attendant que d’être jeté dans la mer. C’est ce que Ben avait décidé : vulgairement  jeter le corps de cette pauvre jeune femme victime des coups tordus de son esprit.

La route ne fut pas longue. Arrivé à destination, il ouvrit le coffre du véhicule et en sorti le corps menu toujours enveloppé dans les vieux draps. Il le porta jusqu’au bord, duquel il pouvait voir les gros rochers en bas et les vagues qui s’y écrasaient. Ben regarda le visage bleui de la jeune femme dont il ne connaissait même pas le prénom. Il espéra un moment que tout cela soit faux, que cette fille pouvait cligner des yeux et se réveiller comme si elle n’avait fait que dormir. Mais ses beaux yeux sombres restaient ostensiblement vides et sans vie. Ben soupira. Il lui referma les paupières et regarda de nouveau les rochers. Il décida de la porter jusqu’en bas. Elle avait assez souffert, et la brutalité avec laquelle Ben avait initialement voulu se débarrasser d’elle aurait été de trop.

- Je suis désolé. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé. Je ne sais pas ce que je suis devenu…

Il la déposa dans l’eau et la regarda couler. Le courant était assez fort. Avec un peu de chance, le corps disparaitrait rapidement et ne reviendrait jamais. Avec un peu de chance, toute cette histoire serait terminée et derrière lui, et il pourrait recommencer à vivre comme avant.

Ben remonta en voiture. Il resta sans bouger un moment, et une fois de plus, tout se mélangea dans sa tête et la douleur commençait de nouveau à monter. Il donna un coup au volant. Ce qu’Ellie avait dit suggérait qu’il est capable d’avoir des absences à tout moment, et agir inconsciemment. Pourquoi cela arrivait-il à lui ? Il se ressaisit et finit par rentrer chez-lui.

Son appartement morne l’accueillit. Cette fois, plus de sang. C’est déjà un point positif.

Il s’avança sur le seuil de sa chambre et s’y arrêta. Ses jambes refusaient d’entrer dans cette pièce, comme si elle était maudite.

Maudite, peut-être pas. Mais en tout cas il y avait une menace. D’ailleurs, celle-ci se réveilla.

- Enfin tu t’es débarrassé d’elle. Ce n’est pas trop tôt.

Ben soupira et entra dans la pièce, trouvant son reflet les bras croisés et l’air moqueur.

- Estime-toi heureux que je fasse ce sale boulot.
- Dois-je comprendre que tu rejette la faute sur moi ?
- Parfaitement.

Le double de Ben haussa les épaules.

- Après tout, c’est peut-être vrai. Mais n’oublie pas que je suis simplement une image. Une image qui ne fait que refléter ce que tu es au fond de toi-même. Par conséquent, le vrai et seul fautif… C’est toi.
- Bon, d’accord. Et alors ?
- Et alors ? Je croyais que tu détestais le fait de penser que tu avais commis cette « vilaine chose ».
- C’est le cas. Mais quelle importance ? Peut-être que je suis un monstre, après tout, comme tous les autres.

Le double rit.

- Ça, c’est la meilleure.
- Quoi donc ?
- Ca y est ? Ton bon côté s’épuise ? Que de bonnes nouvelles.
- Mhmm. Il ne reste rien de bon en moi. Je le sais maintenant. Il n’y a rien à sauver. Je suis comme mort, et tout ce que je fais n’a plus aucune importance.

Il voit son reflet hausser les sourcils en étonnement.

- Eh bien. Je suis surpris de voir à quelle vitesse tu as laissé tomber.
- Je me fiche de ce que tu penses.
- Bien.

Ben se mit à fouiller les tiroirs de la table de nuit, regarda sur la commode, vérifia dans ces affaires en quête de ses médicaments. Il avait si mal à la tête… Seulement, le seul remède qu’il avait contre cela était introuvable. Il alla voir dans la salle de bain s’il restait des comprimés ou n’importe quoi d’autre qui pourrait le soulager. Rien.

Ben poussa un grognement. Il revint dans la chambre, s’assit sur le lit et se tint la tête essayant de calmer cet élan de colère qui le menaçait de monter en flèche et finir par exploser.

- Je crois que j’ai compris, murmura cette voix identique à la sienne.
- Tais-toi, je ne veux rien entendre.
- C’est à cause de cette fille…Ellie ?

Il rit, puis ajouta d’une voix dénuée de toute émotion :

- Elle t’a rejeté, comme tous les autres. Elle est partie et tu ne la reverras jamais. Et le pire c’est que tu l’aimes. Oh… C’est tellement triste.
- Je t’ai ordonné de te taire.
- Elle est si jolie, et si gentille. C’était la seule personne qui t’aimait et voilà qu’elle part…

Ben se leva brusquement et fit de grands pas vers le miroir, en colère.

- Ne parle pas d’elle !
- Quoi ? dit son reflet. Qu’est-ce que tu vas faire ? Tu ne peux rien contre moi. Je suis une partie de toi-même, la partie que tu déteste le plus. Et tout ce que tu détestes à propos de toi-même, tu devras te réveiller avec chaque matin. Après tout, comment peux-tu fuir ce qu’il y a en toi ?

Ben, furieux, donna un coup de poing dans le miroir. Il frappa plusieurs fois, et sa rage ne fit qu’augmenter au sonaffreux de son rire. Il finit par prendre le miroir à deux mains et le fracassa par terre. Néanmoins, il entendait toujours le rire.

- Ça suffit !
- Tu n’échapperas jamais à ce que tu es…
- LA FERME !

Ben tomba à genoux au milieu de sa chambre, les mains sur les oreilles. Ses articulations aux doigts saignaient, et sa tête lui faisait horriblement mal. Une multitude de bruits menaçaient de le rendre sourd : le rire démoniaque, la voix identique à la sienne qui lui répétait qu’il n’échapperait pas à ce qu’il était réellement, la voix d’Ellie qui lui disait qu’elle partait…

Quand est-ce que le silence reviendrait ?

7: I WILL GET YOU HER HEART
I WILL GET YOU HER HEART

 

« Quand un médecin tourne mal, il devient le pire des criminels. Il a le sang-froid et les connaissances »

Sir Arthur Conan Doyle

Le réveil sonna.

Ben se hâta de faire cesser ce bruit extrêmement agaçant, et soupira bruyamment. La veille, les voix finirent par se calmer brusquement, les bruits incessants avaient soudainement arrêté de lui vriller les oreilles. Ben, haletant et épuisé, s’allongea sur son lit. Sa douleur finit par s’atténuer et il s’endormit lentement, jusqu’à plonger dans le noir et l’oubli absolu.

Mais voilà qu’une nouvelle journée commençait, et Ben sentait que celle-là allait être particulièrement longue et fatigante. Et pour cause, c’était un jour de cours et il devait se rendre à l’université et endurer toutes les choses agaçantes qui allaient avec.

Ben se leva et arpenta la pièce. Il regarda un instant le chaos dans lequel était sa chambre : ses affaires étaient déversées des tiroirs, l’armoire était grande ouverte et en désordre, ses livres de cours et autres étaient éparpillés partout, et enfin le miroir brisé en mille morceaux. Un désordre sans pareil, cela devait être arrivé au moment où il y avait eu ces voix. Il s’en souvenait vaguement. Il prit ses vêtements et alla se préparer.

Ben fit les manœuvres du quotidien un peu absent. Il prit son petit-déjeuner, les yeux dans le vague. Il regarda le réveil. Il était temps de partir.

Ben se leva de sa chaise, pris son sac de cours et se dirigea vers la porte d’entrée. Il agrippa la poignée et s’apprêta à la tourner, mais il s’arrêta. Il fut pris d’un vertige, la tête lui tournait. Il s’accrocha à la poignée, mais il se sentait d’un seul coup faible et il perdit l’équilibre. A terre, il sentit sa tête devenir lourde, il essaya de respirer. Dans la confusion, il entendit :

- Je t’obtiendrai son cœur.

Il n’entendit qu’indistinctement cette phrase, se demandant l’espace d’une seconde sa signification et son origine. Puis, lentement il retrouva ces esprits. Il s’assit et s’adossa contre la porte, les yeux fermés et la respiration saccadée. Après un certain moment, il se remit entièrement de son malaise.

Ben se releva, et fit mine de sortir. Il monta dans sa voiture, jeta son sac sur le siège passager, et mit le contact. Il sortit de sa place de parking et se mit en route. Il emprunta le même itinéraire que d’habitude pour aller à l’université, mais il ne se rendit pas en cours. Non. Il dévia sa route à mi-chemin et roula un moment. Dix minutes après, il se retrouvait devant chez Ellie.

Ellie habitait encore chez ses parents le temps de trouver un appartement. Il regarda un instant la petite maison des Cooper, puis s’éloigna un peu et se gara en faisant en sorte de garder la possibilité de garder un œil sur la porte d’entrée. Il remarqua un mouvement au niveau des rideaux de la fenêtre de droite. Il se souvenait de cette fenêtre : elle appartenait à la chambre d’Ellie. Ben était déjà venu plusieurs fois, et avait même rencontré ses parents, des gens gentils. Quelques secondes s’écoulèrent, et il vit Ellie sortir la tête de la fenêtre ouverte. Elle souriait, comme d’habitude, de ce sourire qui la rendait irrésistible aux yeux de Ben. Elle finit par rentrer. Il était évident qu’elle venait de se réveiller, ses cours commençaient un peu plus tard que les siens.

Ben inspecta les alentours, quelques passants marchaient ici et là. Il patienta jusqu’au moment où Ellie sortait de la maison. Elle embrassa sa mère sur la joue, puis s’avança dans l’allée. Son père les salua, prit sa voiture, et s’en alla. Sa mère rentra, et Ellie, quant à elle, s’en partit à pied en direction de l’université. L’établissement n’était pas très loin de là, et Ellie préférait toujours y aller à la marche.

Ben la vit avancer de sa démarche propre à elle, affichant son expression habituelle, c’est-à-dire les traits détendus et l’aspect calme et tranquille. Quoique cette fois, une pointe de préoccupation était visible, mêlée d’une sorte d’appréhension. Ben aimait à imaginer que peut-être, Ellie appréhendait le fait de le croiser à l’université. Mais elle n’avait pas à s’inquiéter : elle ne le verrait pas, du moins, pendant la journée. Ainsi donc, parce qu’elle n’avait pas été seule de la journée,il la suivit à chacun de ses déplacements durant des heures. Il la vit passer toute la journée en souriant, n’ayant pas l’air le moins du monde de penser à son ami Ben. D’accord.

Vers la fin de la journée, Ellie rentra chez elle. Ben crut à l’échec, mais c’est alors que l’univers sembla se mettre dans son camp : le père d’Ellie revint en voiture et patienta jusqu’au moment où sa femme sortit du domicile et monta dans le véhicule. Et ils partirent tous deux. Laissant Ellie dans la maison. Seule.

Dès que la voiture disparut à l’horizon, Ben ouvrit la portière et sauta de son véhicule. Il s’approcha prudemment de la porte d’entrée, et jetant un petit coup d’œil à travers les vitres fermées des fenêtres, il toqua. Il entendit des pas approcher puis un petit silence. La poignée commença à tourner mais s’arrêta brusquement. Ben comprit qu’Ellie savait qui lui rendait visite et qu’elle hésitait à lui ouvrir. Néanmoins, elle finit par ouvrir.

- Ben, dit-elle.
- Ellie.

Elle lui fit signe d’entrer. Ben s’avança à l‘intérieur et détailla Ellie. Elle paraissait être dans l’incompréhension.

- Est-ce que… ça va ? demanda prudemment Ellie.
- Tu veux la réponse que je donne machinalement et que tout le monde croit ou la vérité ?
- La vérité.
- Eh bien, la vérité est que je ne vais pas bien. Je suis furieux, hors de moi, vois-tu.

Son visage était de marbre. Il avança de quelques pas avant de poursuivre.

- Et c’est en grande partie ta faute.
- Oh…

Ellie semblait déçue.

- Ecoute, je suis désolée.
- Tu es désolée ? Vraiment. Oh non, Ellie. J’ai entendu cette phrase bien trop de fois pour comprendre qu’elle ne valait rien.
- Mais essaies de comprendre…

Ben serra les poings.

- Non. Pourquoi c’est à moi de comprendre et pas aux autres ? « Essaie de comprendre », mais comprendre quoi, à la fin ?! Pourquoi tout le monde veut m’imposer sa réalité, alors que cette réalité n’est pas faite pour moi ? Je t’en prie, Ellie, je n’en peux plus de devoir vivre dans un monde où tout ceux qui m’entourent me demandent de changer ce que je suis.
- Ben, ce n’est pas ce que je dis. Mais tu dois te rendre à l’évidence : je ne peux pas être avec toi, je m’en vais ! Ce n’est pas ta faute et…
- Oui, évidemment que ce n’est pas ma faute. Bien sûr. Et pourtant, on me fuit constamment. Quelle explication peux-tu donner à cela ?

Ellie se mit soudain en colère.

- Tu fais preuve d’un égoïsme ahurissant. As-tu pensé une seconde à moi, à ce que je peux ressentir ? Tu crois que je ne tiens pas à toi ? Tu crois que ça ne me fait pas mal de devoir partir ?
- Pourquoi faut-il qu’on m’abandonne à chaque fois, hein ? cria Ben.
- Peut-être parce qu’en fin de compte tu es la plus horrible des personnes ?

Un lourd silence s’installa.

- C’est vraiment ce que tu penses de moi ? demanda calmement Ben.
- Pardon. Ce n’est pas ce que je voulais dire.
- Si. C’est exactement ce que tu voulais dire.

Un autre silence s’installa, puis Ben tourna brusquement les talons vers la cuisine et en ressortit avec le plus gros couteau qu’il ait trouvé. Il agrippa les poignets d’Ellie. Celle-ci poussa un cri de surprise. Il la tira jusqu’à l’escalier et la força à monter les marches.

- Ben ! Qu’est-ce que tu fais ?

Ben ne répondit pas et continua à la trainer de force jusqu’à sa chambre. Une fois à l’intérieur, il la lâcha le temps de verrouiller la porte, et Ellie trébucha en voulant faire des pas en arrière et s’éloigner de lui. Ben revint à la charge et l’attrapa par le bras.

- Ben, arrête…

Il la plaqua au mur et la secoua violemment.

- Tais-toi ! cria-t-il.
- Tu me fais mal, sanglota-t-elle.

Il finit par la pousser sur le lit et l’y immobiliser. Ellie criait et pleurait, et se débattait du mieux qu’elle pouvait, en vain. Ben finit par avoir une totale emprise sur elle. Il la fixait.

- Tu sais, je t’aime, Ellie.

Ellie le regarda à travers ses larmes.

- Je t’aimais aussi, Ben... Mais je crois que… que je ne t’aimais pas toi, mais l’illusion que j’avais de toi.
- Comment ça ?

Ellie émit un petit sanglot.

- Ce n’est pas toi que j’aimais, mais la personne que tu faisais semblant d’être. La personne adorable que je croyais avoir réussi à trouver en toi, c’est en fait ce que tu as voulu me faire croire… Et voilà le vrai Benjamin Miller.

Ben resserra son emprise sur ses poignets.

- Tu ne comprends pas, répliqua-t-il à voix basse et neutre. Je suis les deux. Tu saisis ? Je suis les deux. Le gentil, le méchant. Le chaleureux, le froid. Le blanc, le noir. La lumière, l’obscurité. Le bien, le mal. Je suis les deux, la contradiction et le contraste entre les deux.

Ellie secoua la tête.

- Tu es malade, c’est bien ça ? L’isolement, les absences, et maintenant la violence. Tu es malade, mais tu peux guérir ou au moins te stabiliser. Tu peux t’en sortir.
- Non, dit-il avec un petit rire. Tu ne réussiras pas à me soudoyer comme ça. Ce que tu dis là laisse à croire que je suis fou. Oui, peut-être bien que je le suis. Après tout, je m’apprête à tuer celle que j’aime.

Ben leva le couteau et Ellie eut à peine le temps d’hurler que la pointe lui traversa la poitrine. Ben la poignarda en plein cœur, encore et encore, toujours plus violement sans pouvoir s’arrêter. Elle lui avait fait tellement de mal…

Au bout d’un moment la rage se calma et les coups de couteau cessèrent. Mais ce n’était pas assez… Ben voulait quelque chose. Une seule.

Le cœur d’Ellie.

8: TIME TO PAY FOR ALL YOUR SINS
TIME TO PAY FOR ALL YOUR SINS

Tout était noir. Tout était flou. C’est nageant dans la confusion que Ben revint à lui-même. Sa tête était lourde, sa vision indistincte, et ses pensées embrouillées. Il était adossé à un mur, assis mollement comme s’il avait été endormi pendant un temps indéfini.

Quand il retrouva enfin l’usage de ses sens, Ben remarqua l’endroit dans lequel il était. C’était la chambre d’Ellie. Il se leva, trouvant bien étrange le fait qu’il se retrouve là. Il tourna la tête vers sa droite, et il vit la jeune femme allongée dans son lit couverte d’un drap. Ellie dormait-elle ? Ben ne pouvait en être sûr dans le taux faible de lumière de lune qui s’insinuait en dépit des rideaux. Aussi, s’approcha-t-il afin d’en avoir le cœur net.

Le réveil indiquait vingt-et-une heures treize seulement. Il s’approcha du lit. Ellie était allongée sur le dos. Le drap la recouvrait, une immense tâche de couleur sombre l’imprégnant. Il avança prudemment une main tremblante et retira le drap. Et il crut que sa vision lui jouait des tours vu l’horreur qu’elle lui affichait. Ellie gisait là, sur son lit. Ses yeux étaient grands ouverts, exprimant une grande peur. Sa peau avait l’air de briller, incroyablement pâle. Des nombreuses marques de couteau étaient visibles. Le côté gauche de sa poitrine était déchiqueté, et il y avait là comme un trou béant qui semblait être sans profond.

Ben en eut un haut-le-cœur et une irrépressible envie de vomir le saisit. Il recula comme pour désespérément fuir la réalité. Tout en lui se brisa. Une immense douleur monta en lui, et il ne put que s’affaisser à genoux par terre. Il ferma un instant les yeux, essayant de se rappeler la manière dont on respirait. Et ce n’est qu’en rouvrant les yeux, qu’il remarqua l’objet qu’il serrait de sa main gauche. La stupeur et l’angoisse se peignèrent sur son visage.

C’était un cœur. Le cœur d’Ellie.

Ben éclata en sanglots, et cria de douleur. Il ne pouvait pas à croire qu’il s’en était pris à Ellie. Il ne voulait pas croire qu’il avait fait du mal à Ellie, la seule personne qu’il ait aimée et la seule personne qui ait réussi à voir au-delà de son air refroidi.

La respiration saccadée, il se releva. Il retourna vers Ellie et regarda une dernière fois son visage. Il la recouvrit puis redescendit les escaliers et quitta la maison. Il se retrouva dehors, ne sachant où aller. Les Cooper allaient probablement bientôt rentrer, trouver le corps d’Ellie, et appeler immédiatement la police. Celle-ci se mettrait rapidement à ses trousses, et il se retrouverait derrière les barreaux.

Ben savait qu’il ne pourrait pas s’échapper. Alors autant se rendre.

En premier lieu, Ben marcha au hasard. Hormis le chemin qu’il empruntait à quelques occasions avec Ellie, il ne connaissait pas ce coin. Aussi, il s’aventura dans les ruelles sombres. Il déambula longtemps sans savoir où il se trouvait, le cœur d’Ellie toujours dans la main gauche. Il le tenait à présent comme si c’était quelque chose de précieux, comme s’il ne fallait pas l’abimer. Des battements de cœurs résonnaient à ses oreilles, toujours plus forts. Il erra en titubant, se demandant s’il trouverait bientôt le commissariat de police. Il manqua de perdre l’équilibre plusieurs fois, haletant, puis finit par tomber.

Il leva les yeux, et le sort voulut qu’il soit tombé en face d’un hôpital. Un hôpital psychiatrique. Ben ressentit une once d’espoir. Bientôt, il serait enfermé et serait hors d’état de nuire. Il se releva non sans difficulté et marcha, chancelant, jusqu’à la porte qu’il franchit.

La réceptionniste se tenait tête baissée, écrivant. Ben s’avança au comptoir.

- J-j-je m’appelle B-Benjamin Miller, balbutia-t-il. Je viens pour être interné dans cet institut psychiatrique. Regardez. Regardez ce qu’il a fait ! Oh, ma pauvre Ellie… C’est horrible. Horrible !

Il pointa son index à sa tête.

- Il y a quelque chose d’anormal en moi…

Il poussa un cri de douleur.

- Ma tête… gémit-il. Il n’y a pas de place dans ma tête pour nous deux, il faut que cela cesse ! S’il vous plait, faites-le sortir…
- Désolé, cela ne va pas être possible.

La voix qui avait prononcé ces mots le glaça jusqu’à la moelle. Il leva la tête lentement, et il vit ce visage familier qui le fixait. Ces yeux froids, cette bouche déformée en un rictus, cet air antipathique… C’était lui.

- Dans le miroir, tu me verras à jamais.

FIN

 

Merci à toi, petit terrien.

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