Thirteen Tales of Love and Revenge

Thirteen Tales of Love and Revenge est une collection relatant treize courtes histoires

 

 

Three Wishes

Basée sur la chanson de The Pierces du même nom

 

 

 

« Pour tous ceux qui auraient voulu avoir trois ​vœux à leur disposition »

 

Par Swallowing Darkness

2: Introduction
Introduction

Nous voulons tous quelque chose. Et la plupart du temps, nous voudrions tout avoir. C’est dans la nature humaine, le désir. Mais comme on dit, nous ne pouvons tout avoir. Mais ça, Andrew ne l’a pas compris, et n’a cessé d’en demander toujours plus.

Voici le commencement de ce que j’appelle « une plongée dans un tourbillon de désirs ».

3: SUFFERING AND REVENGE ARE WAITING ON YOU
SUFFERING AND REVENGE ARE WAITING ON YOU

Alors, Andrew, Andrew… Par commencer ? Andrew Clay va bientôt terminer ses études secondaires, et compte s’inscrire à l’université à la rentrée prochaine. En attendant, il prend du bon temps au lycée : il est l’un de ces élèves populaires que tout le monde souhaite avoir comme ami. Bon élève, les profs l’adorent. Beau garçon, les filles lui tournent sans cesse autour. Aîné de la famille, il est admiré par ses cadets et rend fiers ses parents. Gentil, adorable, amical, il est pour la plupart des gens l’exemple à suivre. Bref, Andrew Clay fait partie de ces gens parfaits de nature.

Seulement, il a bien un défaut : celui de toujours vouloir plus que ce qu’il a déjà. Et ceci sera sa perte.

Aujourd’hui est un jour comme les autres. Andrew fait son entrée dans le lycée tel un roi se montrerait devant son peuple. Il marche le long du couloir où personne ne manque à le regarder, lui sourire ou bien le saluer.

Quelqu’un lui tapote l’épaule.

- Hey, salut !

Son meilleur ami, Will, lui sourit. Leur complicité et leur amitié sont des plus grandes.Sauf qu’il y a comme un léger malaise entre les deux, et ils ne se voient plus aussi souvent qu’avant maintenant que...

- Andrew ! fait une voix féminine toute joyeuse en prenant le bras du jeune homme.

… Maintenant qu’il y a elle.

Andrew jette instinctivement un œil à Will. Le sourire de ce dernier s’efface et il disparait dans une salle de classe.

La jeune fille soupire.

- Laisse, il finira bien par s’y faire.
- Taylor…

Taylor Ridley est la version féminine d’Andrew. Riche, belle, populaire, elle a tout pour elle et réussit à avoir tout ce qu’elle veut. En revanche, s’il y a bien une différence avec Andrew, c’est la gentillesse qui n’est guère présente chez elle.

En résumé, Taylor subtilise Andrew tout le temps à tout le monde. Il a à peine le temps de parler à d’autres personnes, puisque Taylor est toujours là à veiller que son petit-ami n’accorde l’attention à personne d’autre qu’elle. Et je dis bien personne. Ce qui a déclenché des conflits d’abord entre Taylor et Will, puis Will et Andrew, et entre le couple et moi aussi… Car en plus d’être délaissés par lui, il nous a laissés tomber pour une garce à l’état pur.

J’entends Taylor raconter des détails de ce qu’elle a fait hier à Andrew qui ne l’entend qu’à moitié. Il me regarde à plusieurs reprises. Taylor s’en rend compte et lui empoigne le bras avec colère pour l’éloigner. Andrew se retourne une dernière fois. Je lui jette un regard noir et vais rejoindre Will.

- Tu as pu lui parler ? demandai-je.

Will lève vers moi des yeux qui me font clairement comprendre que non. Je soupire et je m’assois.

- Je te le jure, dit-il, il a fait une grosse erreur en rompant avec toi.

Je me dandine sur ma chaise, mal à l’aise. Andrew a flashé sur Taylor et a mis fin à notre relation, me donnant des explications qui ne sont guère valables. Cela m’a détruite. J’aime Andrew tellement fort… Et je me sens stupide de l’aimer toujours après qu’il m’ait jetée comme une vielle chaussette.

- Laisse-le faire. Tu le connais… Il veut ce qu’il y a de meilleur.

Will à l’air inquiet. Il y a deux semaines qu’Andrew a rompu avec moi, et c’est Will qui a été là pour moi. Il m’a aidée à leur faire face et m’a remonté le moral. Je lui en suis reconnaissante.

- Je m’en suis remise.

Faux. Après la tristesse que j’ai éprouvé, c’est maintenant une colère intense qui menace d’exploser à tout moment. Toute ma vie je n’ai été qu’une option, un second choix que tout le monde n’hésite pas à remplacer car ils auront trouvé mieux. Avec Andrew, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, car avec lui cela a été pire : je croyais dur comme fer qu’il m’aimait. Je le croyais vraiment. Pathétique, n’est-ce pas ?

Je vois Will tourner la tête vers la fenêtre d’un air agacé et je comprends qu’Andrew vient de faire l’une de ses entrées remarquées dans la salle de classe.
Je ne peux m’empêcher de le regarder quelques secondes. En le voyant sourire et se pavaner, une pensée surgit dans mon esprit.
« Andrew Clay, je te promets souffrance et vengeance… Et nous verrons qui de nous deux remportera la partie ».

4: I – FIRST WISH: I WANT TO FLY THE HEAVENS AND SWIM LIKE FISHES
I – FIRST WISH: I WANT TO FLY THE HEAVENS AND SWIM LIKE FISHES

L’homme tout au long de sa vie recherche le succès et la réussite. L’enfant apprend à prendre part à cette recherche en devant bien travailler à l’école. En grandissant, ses objectifs changent et évoluent. L’adolescent, en plus d’avoir de bons résultats, il devra apprendre à montrer gentillesse et respect envers les autres pour créer de bons liens sociaux. Il devra répondre aux attentes de son entourage et en être à la hauteur. Il découvrira également de nouvelles choses et de nature différente : par exemple, l’amour. Plus tard, étant adulte, de nouveaux objectifs autrement plus difficiles apparaissent. Et la réussite à cet âge se définit par la bonne situation financière et familiale, notamment.

La poursuite de la réussite et du succès sous toutes leurs formes est ainsi donc une chose naturelle chez les hommes. Tous recherchent les bénéfices et récompenses des efforts qu’ils auront fait jusque là. Seulement, il y a de nombreux obstacles qui peuvent poser problème ou carrément empêcher la personne d’acquérir ce qu’elle convoite. Et dans ce cas, nous parlons d’échec.

Il y a, par conséquent, ceux qui réussissent et ceux échouent. Mais bien sûr il faut prendre en considération que la réussite n’est pas permanente. Ceux qui réussissent peuvent échouer à leur tour à tout moment et vice-versa. Un chemin de bout à bout parfait n’existe pas.

Mais… Et si je vous disais que moi, je connais quelqu’un qui en a un, de chemin parfait ?... Oui, c’est bien d’Andrew Clay que je parle. D’ailleurs, nous devrions en revenir à lui, non ?

Ce matin, Andrew est assis sur le canapé du salon, chez lui, son ordinateur portable sur les genoux. Je le vois depuis la fenêtre de la grande pièce, où je suis dissimulée par les feuillages de la grosse plante à côté des vitres.

Je me rappelle certains moments que j’ai passé ici avec lui… Je chasse immédiatement ces souvenirs. Il faut que je me concentre. Si tout va comme je l’avais prévu, il devrait bientôt…Ah ça y est. Andrew parait intrigué et perplexe, et je comprends que Will a réussi.

J’ai réussi à convaincre Will de m’aider à jouer un « mauvais tour à Andrew ». Evidemment, ceci est en partie un mensonge, puisqu’il ne s’agit pas que d’un simple mauvais tour.

Donc, Will,qui a des connaissances assez développées en informatique, a créé une fausse publicité que nous avons tous les deux inventé. Elle a pour titre « Fais tes trois vœux », avec trois champs numérotés à remplir, un pour chaque vœu. Un petit règlement suit, qui indique qu’il a le droit à un seul vœu une fois par semaine.Il ne restait plus qu’à trouver un moyen pour qu’Andrew la voie s’afficher sur son écran. Will s’est débrouillé pour lui subtiliser son ordinateur pendant qu’il était occupé et a tout arrangé.

Cela a été mon idée. Je savais qu’Andrew serait attiré par le mot « vœu », lui qui veut toujours tout. Et j’avais raison.Il a d’abord un sourire amusé. Il est évident qu’il n’y croit pas. Cependant, je le vois déjà le regard lointain, probablement en train de réfléchir à ce qu’il va demander. Ses doigts finalement volent rapidement au-dessus du clavier.

Je m’éloigne discrètement de la maison, étant maintenant sûre qu’il a mordu à l’hameçon.

Je me rends à présent chez Will. Il s’est porté volontaire pour surveiller l’arrivée des réponses d’Andrew. Je rentre dans sa chambre. Il est assis en face de son ordinateur ainsi que je l’avais laissé tout à l’heure. Je m’approche, il se retourne et lit à haute voix :

- « Je souhaite survoler le paradis et nager comme un poisson, ne jamais connaître l'amer et que tout sois délicieux ».

Il marque une pause.

- Je sais qu’il aime bien se la jouer poétique, mais il ne pourrait pas être plus explicite ?
- Il veut survoler le paradis, ce qui veut dire qu’il veut connaitre un bonheur constant, comme un paradis, et pouvoir avancer dans la vie avec l'aisance d'un poisson dans l'eau, sans difficultés. Le tout dans un délice inouï sans aucune amertume.

Will me regarde avec stupeur.

- Pas mal du tout, Amy.
- Je connais Andrew mieux que quiconque.
- Je vois ça.

Je m’assois à côté de lui les yeux rivés sur la phrase tapée par Andrew.

- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demande Will.
- Tout ce que tu as à faire c’est de surveiller l’arrivée de son prochain vœu. Je m’occupe du reste.
- Je pourrais au moins être au courant ?
- Pas pour l’instant.

Je l’étreints brièvement.

- Merci, Will.

Et je m’en vais.

Le reste, Will n’en a aucune idée. Je ne lui ai donné aucune explication précise sur ce que je compte faire. Il s’est contenté de suivre mes indications.

En s’occupant de la publicité, il en a profité pour copier le disque dur d’Andrew. Tout ce que comporte son ordinateur comme fichiers est copié et enregistré sur une clé USB que je garde soigneusement afin de l’inspecter tranquillement.

En parcourant les différents dossiers, je finis par tomber sur un en particulier qui parait plus important que les autres. Et pour cause, le titre indique clairement qu’il s’agit de fichiers ayant rapport avec l’université où nous avions l’intention de nous inscrire tous les deux. Je double clique sur l’icône du dossier. La première chose que je repère est la lettre de demande d’admission qu’il a rédigée pour l’université.Je suis loin d’être surprise de voir avec quelle assurance il vante ses qualités et ses mérites.Cette lettre me donne alors une idée. Et je l’applique sans grande difficulté.

Je me renseigne et apprends qu’il ne reste qu’une semaine pour les inscriptions à l’université.  Par l’intermédiaire de Will – qui par miracle a réussi à lui parler deux misérables minutes – je découvre qu’Andrew n’a pas encore envoyé la lettre. Ce qui m’étonne, c’est le fait qu’il ait mis du temps à le faire, lui qui n’est pas du genre à laisser traîner une chose aussi importante. Je surveille Andrew de près, et par chance je réussis à empêcher l’envoi de la fameuse lettre sans me faire prendre. Pour une fois, ma capacité à rester invisible aux yeux du monde m’aura été favorable. A la fin de la journée, je tiens la feuille de papier dans mes mains… En résumé, Andrew croit avoir envoyé sa demande d’admission et qu’il aura une réponse bien évidemment positive d’ici quelque temps, tellement il sait à quel point il est fabuleux. Mais la réalité est qu’elle n’a jamais été envoyée, et que je la garde soigneusement chez moi. Et d’ici une semaine…Il sera trop tard.

Il veut pouvoir avancer dans sa vie sans échec ? Dommage pour lui, il va en connaître, d’échec, puisqu’il ne verra jamais une quelconque réponse de la part de l’université pour laquelle il a postulé lui arriver en mains.

Une semaine plus tard, Andrew ne se doute toujours de rien et je le vois marcher nonchalamment dehors. Cela m’énerve de voir cette aisance et ce sourire collé à son visage, alors que moi j’ai perdu le mien. Mais mon heure de gloire arrive à grands pas.

Premier vœu : je souhaite survoler le paradis et nager comme un poisson, ne jamais connaître l'amer et que tout sois délicieux.

Fait.

5: II – SECOND WISH: I WANT NEVER BITTER AND ALL DELICIOUS
II – SECOND WISH: I WANT NEVER BITTER AND ALL DELICIOUS

L’homme a un besoin constant d’amour. Quelle que soit la nature de cet amour, il a besoin de se sentir aimé et apprécié par son entourage. Il a besoin d’avoir ce sentiment de sécurité, de prospérité et de confort que génère cette émotion. Cet amour est caractérisé par la confiance, l’amitié, la loyauté. L'amour est un sentiment complexe et difficile à théoriser. L’amour passionnel est de loin le plus dur à vivre, car il est synonyme d’obsession. Et l’obsession ne peut être que nocive.Par amour on peut accomplir des prouesses et faire de grandes choses. Mais paradoxalement, par amour, on peut aussi mentir, trahir ou encore même avoir recours au meurtre…

Une semaine plus tard.

- J’ai vu Andrew, aujourd’hui. Il avait l’air contrarié et inquiet.
- Ah ?
- Oui, acquiesce Will. Je me demande ce qui lui arrive.

Il se demande peut-être pourquoi il n’a pas encore reçu de réponse positive de la part de l’université. Pauvre Andrew.

Une sorte de bip se fait entendre, et Will regarde l’écran de son ordinateur.

- Ah, regarde. Il vient d’envoyer son deuxième vœu. Je me demande pourquoi il a attendu la fin de cette semaine pour le faire.
- Que dit-il ?

- « Je veux un amour sincère, et des milliers de baisers. Un amour simple et élégant, et jamais vicieux »

Will lève les yeux au ciel.

- Ça, il l’avait. Et il a tout gâché, dit-il.

Je m’allonge sur son lit.

- La plupart des gens ne réalisent ce qu’ils ont qu’une fois qu’ils l’ont perdu.

Andrew veut un amour sincère, parfait sur toute la ligne. Ce dont je suis sûre, c’est qu’il ne l’aura jamais avec Taylor. C’est certain. Il serait donc naturel pour moi de le laisser poursuivre sa relation avec elle, puisque Taylor est ce qui le sépare de cet amour réel qu’il recherche. Or, Andrew ignore que c’est en fait un obstacle, et la considère comme son véritable amour. Donc mon objectif change, et je décide de lui enlever Taylor.

Mais que vais-je faire d’elle ?

- Will ?
- Mmm ?
- Tu serais prêt à faire quelque chose pour moi ?
- Ce que tu veux.
- Je veux que tu me ramène Andrew et Taylor chez-moi.

Il hausse un sourcil interrogateur pour toute réponse.

- Je veux les avoir tous les deux dans mon sous-sol.
- Mais… Pourquoi ?
- Je souhaiterais leur parler.

Will n’a pas l’air convaincu.

- D’accord, dit-il lentement cependant.

Je regarde ma montre.

- Taylor doit arriver en premier.Je veux l’avoir dans les deux prochaines heures.
- Et comment je suis censée la convaincre de me suivre ?
- Débrouille-toi. L’essentiel c’est qu’elle se pointe chez-moi. Andrew viendra par la suite, mais pas avant au moins deux ou trois jours.

C’est ainsi donc qu’avec satisfaction, je vois Will en compagnie de Taylor arriver à la porte de chez-moi. Une chance que mes parents travaillent jusque tard dans la nuit. Nous ne disposons pas d’aisance financière, contrairement à beaucoup de gens ici.

Taylor me toise avec son petit air prétentieux qui m’est insupportable. Mais j’arrive à me contenir et m’empêcher de lui sauter à la gorge.

Je remercie Will, qui s’en va non sans jeter quelques coups d’œil derrière lui.

- Qu’est-ce que tu me veux ? dit-elle.

Je croise les bras.

- Suis-moi.

Je l’emmène avec moi vers le sous-sol, un vrai bazar rempli de choses inutiles, mais qui dispose assez d’espace pour ce qui va suivre. Je la laisse passer devant moi en descendant les escaliers.

- Bon alors, tu vas m’expli…

Un bruit sourd se fait entendre tandis que je lui porte un coup au crane à l’aide d’une bouteille en verre posée là depuis longtemps.

Taylor s’effondre, inconsciente. J’en profite pour la traîner dans un coin – une chance qu’elle ne pèse pas grand-chose – et pour finir, je l’attache. Je vais vite m’emparer du pistolet que garde mon père dans un tiroir du salon – mesure de sécurité, dit-il. Et je reviens m’assoir en face du corps inerte de Taylor.

Quand elle se réveille, elle se relève brusquement. Elle se colle contre le mur, porte une main à l’arrière de son crâne recouvert de sang, et me regarde apeurée.

- Le moindre mouvement ou son qui risquerait de me contrarier, et je te tire dessus. Me suis-je bien fait comprendre ?

Elle fait rapidement « oui » de la tête. Je fouille son sac et y prends son téléphone.

- Je vais écrire un message à tes parents pour leur dire que tu passes le week-end chez des amis et qu’ils n’ont pas à s’inquiéter.

Je vois des larmes lui monter aux yeux. C’est la première fois que je la vois sans son assurance habituelle.

- Tu me laisseras partir ?

Je la regarde et un sourire narquois fleurit sur mes lèvres.

- On verra ça, me contentai-je de dire. Envoyé. Maintenant, j’écris un message à Andrew, pour lui dire que tu romps avec lui.
- Quoi ?

Je lui lance un regard sévère.

- Tu as très bien entendu.
- Alors… Tout ça c’est pour me faire rompre avec lui ?
- Pas que. Tais-toi, maintenant. Tu commences à m’agacer.

Je prends soin de bien choisir mes mots.

Tout est fini entre nous, Andrew. C’est tout ce que j’ai à dire. Ne me m’écris plus, ne m’appelle plus,  ne me parles plus. Sors de ma vie. Je ne t’ai jamais aimé. Ce n’était qu’une perte de temps. Tout cela n’était qu’une erreur.

- Taylor

Je lui lis à haute voix le message. Son expression dégoûtée m’amuse beaucoup.

Second vœu : je veux un amour sincère, et des milliers de baisers. Un amour simple et élégant, et jamais vicieux.

Fait.

Deux jours plus tard.

J’entends quelqu’un toquer à la porte. Je descends vite au sous-sol, où je trouve Taylor allongée par terre complètement pâle et affaiblie. Je lui enlève les liens attachant ses poignets pour la première fois depuis que je l’ai ramenée ici.

- N’oublie pas, un seul bruit et tu es morte. Allez, lève-toi maintenant.

Elle essaie désespérément de bouger ses membres, en vain. J’entends une fois de plus quelqu’un tambouriner à la porte. Je pousse un petit grognement en voyant que Taylor ne bouge pas d’un millimètre. Je lui agrippe les bras et la traine jusqu’au placard vide et poussiéreux dans lequel je l’enferme.

Je remonte les escaliers.

- J’arrive !

Je me munis d’un mouchoir imbibé de chloroforme que j’ai préparé, sachant pertinemment que je recevrais cette visite. Je dissimule le bout de tissu.

- Bonjour, Andrew, dis-je de façon neutre.
- Bonjour.

J’ouvre d’avantage la porte et je m’écarte pour lui laisser le passage. Il me regarde de manière soupçonneuse mais avance lentement à l’intérieur.

- Je ne peux pas rester longtemps, Amy. Que me veux-tu ?

Ignorant sa question, je me jette sur lui et lui colle rapidement le mouchoir sur ses voies respiratoires. Il se débat tellement fort que je crains de lâcher prise et qu’il réussisse à déjouer mon plan. Mais je tiens bon, assez longtemps pour que ses muscles commencent à se relâcher et qu’il glisse lentement au sol.

- Que le spectacle commence.

6: III – THIRD WISH: I WANT IT ALL, BUT I’M SAVING THIS ONE FOR A RAINY DAY
III – THIRD WISH: I WANT IT ALL, BUT I’M SAVING THIS ONE FOR A RAINY DAY

Andrew se réveille enfin. Il me regarde longuement, et met du temps avant de demander:

- Où suis-je ?
- Peu importe.
- Amy ?
- Ah. Tu te souviens de moi. Fort bien.

- Amy, peux-tu m’expliquer ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que…
- Nous n’avons pas de temps. Tu as mis assez de temps déjà à te réveiller.

Je lui agrippe les épaules.

- Allons, Andrew, regarde-moi. Il est temps de faire ton dernier vœu.

Il fronce les sourcils comme s’il ne comprenait pas un traître mot de ce que je dis.

- Mais… Je m’amusais juste. Je n’y crois pas… Mais comment es-tu au courant ? Et pourquoi j’ai si mal à la tête ?
- Fais ton dernier vœu ! ordonnai-je avec autorité.

Ses yeux s’arrêtent sur les miens, interrogateurs.

- Je veux tout.

Je hausse les sourcils.

- Ca par exemple, dis-je avec ironie. Et que veux-tu dire par « tout », Andrew ?
- Si j’avais réellement trois vœux, je les utiliserais pour survoler le paradis, pour nager comme un poisson. Je ne veux jamais connaître l'amer et que tout soit délicieux. Nettoyer ma conscience et que tout soit brillant. Je veux un amour sincère, et des milliers de baisers. Je le veux simple et élégant, et jamais vicieux.Et le dernier vœu, lui, je le garderais pour être sauvé un jour de pluie,si je perds tout.
- Vraiment ?

Il lève des yeux au regard las vers moi.

- Oui, Amy. Je veux tout. Je suis comme ça. Mais je garde mon dernier vœu pour plus tard.
- Ainsi, tu joues la carte de la prudence.
- A quoi rime tout ça ? C’est quoi ce soudain délire avec les vœux ?

Je ne dis rien.

- Je t’aime beaucoup, tu sais, dit-il. Je ne sais pas ce que tu feras de moi, mais saches que tu es mon amie, même si je suis avec Taylor maintenant.

Je soupire.

- Taylor, hein ? Cela t’as rendu triste d’être ignoré, n’est-ce pas ?

Il baisse les yeux.

- Oui. C’est cela que tu veux entendre ?
- Mhmm… Mais et si je te disais qu’elle n’est jamais partie ?

Il me regarde de nouveau, surpris. Je souris.

- Taylor n’est pas partie. En réalité, je la retenais ici même.
- Tu l’as enfermée ici avant moi ? Où est-elle à présent ?

Je marche lentement vers le placard et l’ouvre. Taylor, épuisée et faible, tombe lourdement par terre.

- La voici.
- Taylor ! appelle-t-il.

Celle-ci ne répond pas. Mal nourrie et non reposée depuis des jours, elle arrive à peine à garder les yeux ouverts. Andrew se retourne vers moi.

- C’était toi depuis le début, n’est-ce pas ? L’université, Taylor…
- Wow. Tu es si intelligent.

Taylor gémit et tente de se relever. Je la plaque au sol facilement avec mon pied pour l’empêcher d’avancer.

- N’essaie plus de bouger ou je te tire une balle dans la tête.

Un sanglot lui échappe mais elle s’immobilise par terre. Andrew regarde la scène avec de grands yeux.

- Amy… Pourquoi fais-tu cela ?
- Oh, je t’en prie, Andrew. C’est d’une telle évidence.

J’avance vers lui.

- C’est parce que tu m’as laissée. Pendant que tu étais heureux, moi je souffrais. De quel droit toi vivrais-tu le reste de ton existence dans un parfait bonheur tandis que moi je vivrais à moitié morte ? J’ai toujours été délaissée. Toi, Andrew, tu m’as redonné espoir. Mais alors que je revenais à la vie, tu es parti avec cet espoir, et je suis morte de nouveau.

Andrew tente de protester. Je fais une geste de la main pour le faire taire.

- Ceci est une sorte de vengeance. Je t’ai enlevé la chance d’aller à l’université, qui représente ta réussite. Je t’ai enlevé Taylor, qui représente ton amour. Et pour t’enlever tout ce que tu possède et que tu désires, il ne me reste qu’une chose à faire…
- Amy ! me supplie-t-il.

Je ris. C’est tellement marrant de voir le grand Andrew Clay dans cet état.

Je colle délicatement le pistolet contre sa tempe gauche. Je n’aurais jamais cru que j’étais capable de meurtre. Non, ça, jamais… Je n’aurais jamais cru que je tuerais quelqu’un de ma vie, ni que je ressentirais une telle force et une si grande excitation.

Je penche la tête sur le côté et souris innocemment.

- Je t’aime, Andrew.

Il respire difficilement, mais arrive à prononcer :

- Moi aussi, je t’aime.

Ma main se crispe un instant sur la crosse du pistolet. Pendant une seconde, j’hésite à le tuer. Mais je comprends vite que c’est simplement une ruse destinée à m’embrouiller. Une colère fulgurante s’empare de moi.

Mais alors que toute ma volonté de l’éliminer revient toute entière, j’entends la porte s’ouvrir à la volée. Des hommes en uniforme de police arrivent, brandissant des armes en me hurlant de lâcher la mienne.

Je lève les yeux au ciel et je lâche le pistolet. Je vois Will apparaître derrière les policiers.

- Wow, bravo, Will. Quel ami exemplaire tu fais.

Il ne prend même pas la peine de répondre et me fixe avec un air déçu et triste. Tandis que je me fais menotter, je me tourne vers Andrew.

- Tu n’es peut-être pas mort, mais j’ai gagné. En fait, c’est encore mieux : au lieu de mourir et mette un terme à tes souffrances, tu vivras le restant de ta vie avec cette soirée en souvenir.

Je ris, puis ajoute :

- J’habiterai ta mémoire et ton esprit jusqu’à ta mort. Je serai la fille dont tu te souviendras chaque jour. Tu ne m’oublieras pas. Et c’est ce que je voulais, Andrew, je voulais rester vivante de la mémoire de quelqu’un. Dans ta mémoire à toi…

7: PAIN… CAN’T GET ENOUGH
PAIN… CAN’T GET ENOUGH

La souffrance, physique ou mentale soit-elle, fait partie de l’humain. Aucun homme n’a jamais ressenti la douleur liée à une quelconque raison, et aucun ne peut y échapper. La douleur est , sous toutes ses formes, et ce ne sont pas les facteurs qui manquent. L'intensité de la souffrance peut aller depuis l’anodin négligeable jusqu’à l’atroce insupportable.Et chaque personne a une façon précise de réagir à la souffrance.

L’échec fait souffrir. Mais encore une fois, l’homme ne peut connaitre la réussite dans tous les domaines.

L’amour fait souffrir. Il peut arriver un jour où nous aimons une personne mais que l'amour n’est pas ou n'est plus réciproque, un jour où nous devons faire face à la perte d’êtres chers.C'est toujours difficile voire impossible d'aller bien quand nous ne sommes plus aimés, nous nous sentons mal et la douleur ne s'en va pas.

Le fait de tout vouloir fait souffrir. Les vains espoirs et les attentes continuelles font souffrir. A quoi bon chercher quand nous avons déjà tout pour être heureux ? Evidemment, il est naturel de faire de son mieux pour avoir ce que nous voulons. Mais des fois, mieux vaut se contenter de ce que la vie nous offre.

Et si nous ne ressentions plus rien, serions-nous les mêmes? Je ne le pense pas. Nous serions moins fragiles, certes, si nous étions faits de métal, nos cœurs de fer, et nos esprits d'acier. Si nous étions construits dans des armures pour nos corps trop tendres, nous serions peut-être protégés de tout dommage. Mais, pourrions-nous garder malgré tout la souffrance loin de nous ? Chercherions-nous à ressentir quelque chose ? Arriverions-nous à aimer ? Gagnerions-nous cette éternelle bataille contre la souffrance ?...

Quant à la vengeance, elle ne sert à rien. Elle n’apporte que de mal supplémentaire. La haine, la colère… Elles incitent l’esprit à vouloir causer du mal à autrui de manière à égaler sa propre souffrance et se dire « tu as eu ce que tu mérites. Ma douleur est à présent la tienne aussi ». Mais à quoi bon se venger quand tout ce que nous faisons est empirer la situation ?

Il faut donc accepter la douleur, peu importe ce qu’elle nous coûte, parce qu’au fond, elle vient de nous, et de ce qu'e nous sommes. La douleur et la souffrance peuvent avoir du bon dans leurs mauvais cotés, seulement, nous ne le voyons pas lors des pires moments, et nous cherchons des moyens désespérés d’y échapper…

"Le mal élabore toujours une douleur encore plus forte à travers le besoin incessant qu'ont les hommes à se venger à hauteur de leur haine."

FIN.

 

Merci à toi, petit terrien.

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