Entretien entre Médée et son avocat

Michael Adler est assit sur sa chaise, vérifiant ses papiers. Une fois ceux-ci classés, il les posa sur la table face à lui et se tourna vers la caméra postée dans un coin de la salle de visite de l'hôpital. La lumière rouge signifiant qu'elle tournais été allumée. Dans quelques instants il aurais son premier entretien avec sa nouvelle cliente, accusée du meurtre de son ex-mari, de ses enfants et de leur belle-mère.

La porte s'ouvrit, laissant entrer une femme retenue aux bras par deux médecins. Ils l'attachèrent à la chaise face a l'avocat puis sortirent. La femme était de taille moyenne, entre 30 et 40 ans, avait des cheveux noirs, des yeux marrons et la peau brun clair. Elle portait une robe blanche de l'hôpital et n'arrêtait pas de tirer sur les chaines qui la retenait à la chaise. Il se décida à lui parler:

-Bonjour madame je m'appelle Michael Adler et je suis l'avocat envoyé par le tribunal pour vous défendre dans cette affaire.

Elle ne dit rien et continua de tirer sur ses chaines.

-Je tiens à vous dire que malgré le fait que je ne sois encore que commis d'office, j'ai gagné les trois procès auquel j'ai été confronté et je vous garanti que je ferait tout pour gagner celui-ci: mais pour cela il faut que vous accepter de m'aider, de tout me dire, de me faire entièrement confiance pour que je puisse vous aider.

Elle leva les yeux vers lui et arrêta de tirer sur les chaines.

-Personne ne peux m'aider. Je suis condamnée.

Elle se concentra à nouveau sur ses chaines.

-Mais non madame vous n'êtes pas condamnée! Il y a des preuves et des adminicules contre vous bien sûr, mais avec une bonne stratégie on peux les contourner.

Il pris quelques papiers et les lus en diagonale, se remettant les informations en mémoire.

-Il est écrit que la mort de Jason Argo à été causé par un poison fait à base de pépins d'orange glissé dans son verre lors d'un vernissage. Et celui de sa femme Charlotte par le fait qu'elle ai absorber un mélange de produits chimiques qui ont causé l'inflammation lente mais douloureuse des ses voix respiratoires. Vous étiez présente dans le même lieu que votre ex-mari au moment de sa mort et vous n'aviez pas d'alibi pour celui de sa femme: cela, associé au fait que vous avez des connaissances incroyablement vastes en chimie vous désigne comme la principale suspecte de ces meurtres. Quand à la mort de vos enfants, le couteau utilisé pour leur assassinat portait vos empreintes. J'ai le regret de vous le dire, mais sans mon aide vous serez effectivement condamnée à la prison à perpétuité.

Elle arrêta de tirer sur les chaines et marmonna: Non...

-Comment?

Elle repris plus fort:

-Qu'ai-je fait? Mais qu'ai-je fait? Mes propres enfants. Mes fils. Ma descendance je l'ai tuée? L'ai-je vraiment fait? Ou est-ce un tour que mon esprit me joue? Oui ça doit être cela. Un tour, un simple tour. Une illusion d'optique. Un fata morgana. J'ai dû boire, j'ai dû inhaler des substances hallucinogènes.

Elle baissa la voix, et dit sur un ton de conspiration:

-Ou alors ce n'était pas moi. Ça a dû être la presse, les journaux. Ça leur ressembleraient bien d'inventer toute cette histoire pour choquer la population et la contrôler. Et ils fabriqueraient des preuves pour rendre l'histoire crédible et être sûrs de faire vendre. Tout à fait eux. Mais non!

Elle s'arrêta un instant, fit bouger les chaines, puis repris d'une voix doucereuse:

-Paul et Matt ne peuvent être morts. Mes petits garçons dorment dans leur chambre. Ils sont si paisibles, allongés dans leurs lits, sans le moindre geste, sans le moindre souffle, sans le moindre pouls. C'est ridicule, comment les journalistes auraient-ils pus les atteindre?

Elle agita ses chaines un peu plus fortement.

-Ça à dû être Jason, c'est forcément Jason. Un père violent envers ses enfants c'est tellement courant, tellement banal. Tel Héraclès il à dû être piqué par la folie, ou la goutte d'alcool de trop, et poussé par elle, avoir tué les garçons.

Elle s'arrêta, puis repris songeuse:

-Mais alors il y aurait eu du sang et des marques. Les corps sont propres, le travail est net, l'arme les à touchés en plein coeur, ça ne lui ressemble pas. C'est le travail d'une femme, c'est...mon travail...je devais le faire.

Michael voulu l'arrêter, il fit un geste, mais il se repris: c'est souvent lorsque qu'il laissait ses clients parler librement qu'il obtenait ses meilleures arguments pour les défendre. Elle continua, effarée:

-Mais non! Une mère ne tue pas ses enfants c'est abominable! C'est inhumain!

Elle le regarda dans les yeux. Dans les siens brillait une lueur qui pouvais faire penser à un démon, à une folle.

-Mais c'est entomologique, animal. Chez les fourmis, la reine mange ses œufs, nymphes et bébés si elle n'a pas assez de nourriture et d'énergie pour les maintenir en vie. Chez les loups, la louve tue ses louveteaux ou les laisses mourir s'ils font preuve de faiblesse. Et il y a eu faiblesse. Jason a montré de la faiblesse dans son amour. Il a préféré partir avec cette pauvre actrice de films français au lieu de rester avec moi! La grande chimiste qui avait gagné un prix Nobel! Et il à pris les enfants...il y a eu faiblesse dans l'engagement.

Elle s'approcha de l'avocat, aussi près que lui permettait les chaines. Elle ne le lâchait pas des yeux. Elle lui dit d'un ton très bas, comme une confidence:

-Mais je ne suis pas une louve, je suis Médée. Je ne fais pas que tuer, je fais souffrir d'abord. Alors oui j'avoue avoir tué mes enfants, leur belle-mère Charlotte et mon ex-mari Jason.

Soudain elle s'emporta et lui hurla à la figure. Les deux médecins entrèrent en courant, et tentèrent de la faire reculer et de la traîner vers la porte.

-Mais je suis la victime! La victime d'un Thésée! D'un Don Juan! D'un Cassanova! D'un George Duroy! D'un homme...J'ai tué...

Elle marmonna la fin de la phrase pendant que les médecins réussissent à lui faire passer la porte.

-------------

Michael reviens en arrière sur la vidéo qu'il avait pris au service vidéo surveillance de l'hôpital, argumentant que cette vidéo lui servirait de preuve lors du procès. Cette vidéo était la pièce maîtresse de son argumentation dans le fait que sa cliente était folle. Cultivée et intelligente certes, mais folle.

Il lui avait menti lors de l'entretien: malgré son talent il ne pourrais contourner les preuves et les adminicules qui pesaient contre elle. L'avocat de l'autre parti, maître Holmes, était trop fort. Tout ce qu'il pouvais faire, c'était transformer la peine de prison à perpétuité en internement à durée indéterminée dans un hôpital psychiatrique. C'était tout ce qu'il pouvais faire pour cette femme.

Il monta le son de la vidéo et réécouta la dernière phrase prononcée par Médée.

«J'ai tué, mais pour une infidélité.»